Être informé sur le contenu calorique des aliments et repas proposés est défendable, surtout dans le contexte obésogène que nous connaissons. Mais l’affichage obligatoire des calories dans les fast-foods est-il réellement à même de modifier les comportements?
Les informations nutritionnelles sur les produits deviennent de plus en plus fournies, et cela au fur et à mesure que l’obésité se développe. On ne va bien entendu pas en déduire que l’information nutritionnelle favorise l’obésité! Bien que le pays champion des informations nutritionnelles, les États-Unis, soit aussi le plus touché par l’obésité…
Responsabilité individuelle
La volonté d’informer sur le contenu calorique des aliments est présentée comme une tentative de réponse au problème de la surconsommation énergétique. Mais l’efficacité de cette mesure reste controversée. Pour les uns, elle permet de prendre plus facilement conscience de la quantité d’énergie ingérée, condition sine qua non pour être en mesure de la contrôler. Pour les autres, c’est une façon pour l’industrie de se donner bonne conscience, en renvoyant le problème de la surconsommation calorique à la responsabilité individuelle. Si je mange trop, c’est de ma faute puisque c’est en connaissance de cause.
L’étiquetage des calories des menus servis dans les fastfoods peut être considéré comme utile… pour ceux que cela intéresse. Par contre, le rendre obligatoire, comme c’est le cas à Philadelphie pour les chaînes de restauration rapide comptant au moins 20 restaurants, ne semble pas améliorer quoi que ce soit. C’est ce qui ressort d’une étude menée par une équipe de la New York University School of Medicine Langone Medical Center, dont les résultats ont été présentés lors de la réunion scientifique annuelle de la Obesity Society, qui s’est tenue mi-novembre à Atlanta.
Faibles revenus vivant en ville
«L’obésité, qui concerne un tiers des Américains, touche surtout les personnes de faibles revenus vivant en ville», précise Brian Elbel, l’auteur principal de l’étude. «Or, la plupart des études menées jusqu’à présent sont incapables de préciser si l’affichage nutritionnel est plus ou moins efficace dans certains sous-groupes».
Cette nouvelle étude a été conduite dans deux grandes enseignes de restauration rapide à Philadelphie, auprès de 2.000 consommateurs âgés de 18 à 64 ans, lors des repas du midi et du soir, avant et après que l’étiquetage des calories soit rendu obligatoire. Pour le contrôle, les chercheurs ont mené la même enquête à Baltimore, où l’étiquetage des calories n’est pas obligatoire. Elle a été complétée d’une enquête téléphonique auprès d’habitants de la métropole.
Les résultats montrent que 34% des clients chez McDonald’s et 49% des clients chez Burger King ont remarqué les étiquettes affichées sur les menus. Les personnes interrogées les moins éduquées ont moins remarqué l’affichage. «Nous n’avons trouvé aucune différence dans les calories achetées ou la fréquentation des fast-foods après l’introduction de la loi», explique Elbel. Bref, le simple fait d’afficher les calories n’est pas suffisant pour changer le comportement des populations.
FIA 21_Décembre 2013