A la demande de la Commission Européenne, l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) a procédé à une réévaluation des risques liés à l’arsenic inorganique dans les denrées alimentaires. La situation est jugée préoccupante.
L’arsenic inorganique est largement présent dans l’environnement, de façon naturelle, mais aussi en raison des activités humaines. Il contamine l’eau et les sols, donc les plantes. La forme inorganique est très toxique, les formes organiques telles que les arsénosucres retrouvés notamment dans le poisson le sont moins. L’arsenic inorganique est connu pour être cancérigène, notamment pour la peau, la vessie et les poumons.
En Belgique, le riz a été identifié comme une source substantielle d’arsenic inorganique. Dans un avis datant de 2018, le Conseil Supérieur de la Santé invitait à limiter la présence de riz et de ses produits dérivés dans l’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants. Il recommande notamment de faire bouillir le riz avec suffisamment d’eau et de vider l’eau bouillante avant de consommer le riz.
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Arsenic dans le riz, les autres céréales, et l’eau potable
L’EFSA a procédé à une réévaluation des risques liés à l’exposition à l’arsenic inorganique. Outre le riz, l’agence identifie d’autres sources importantes : les (autres) céréales et produits à base de céréales et, dans une moindre mesure en Europe, l’eau potable.
L’EFSA a pris en compte, dans son évaluation, l’augmentation de l’incidence des cancers de la peau comme l’effet nocif le plus pertinent. En d’autres termes, les experts estiment qu’une évaluation capable de protéger du cancer de la peau sera également à même de protéger des autres formes de cancers dans lesquels l’arsenic est impliqué.
L’EFSA calcule une marge d’exposition, qui permet d’évaluer, pour une population donnée, la dose à laquelle est observé un effet indésirable faible, mais mesurable, et le niveau d’exposition effectif. Plus la marge d’exposition est faible, plus le risque est donc élevé.
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Des valeurs proches de la marge d’exposition
D’après les données humaines disponibles, l’autorité estime qu’une marge d’exposition à l’arsenic inorganique de 1 ou moins correspond à un niveau d’exposition pouvant être associée à un risque accru de cancer de la peau. Or, la marge d’exposition évaluée par l’EFSA est jugée préoccupante. Celle-ci est de :
- 2 à 0,4 pour les consommateurs moyens
- 0,9 à 0,2 pour les grands consommateurs
En d’autres termes, le risque de cancer de la peau (et peut-être d’autres formes) est bel et bien réel. Précisons que le riz complet contient plus d’arsenic inorganique que le riz blanc. Cette caractéristique amène certains chercheurs à remettre en cause les bienfaits du riz complet, et à ne pas privilégier le riz complet au riz blanc…
La prochaine étape pour l’EFSA est d’évaluer les risques possibles liés à l’’exposition à l’arsenic organique dans les aliments, afin de mener ensuite une évaluation des risques liés à l’exposition combinée aux différentes formes d’arsenic.
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Sources
1. Update of the risk assessment of inorganic arsenic in food. Published: 18 January 2024. https://www.efsa.europa.eu/fr/efsajournal/pub/8488
2. Su L J et al. Front Nutr 2023. https://doi.org/10.3389/fnut.2023.1209574