L’assiette planétaire proposée par la commission EAT-Lancet est devenue une référence pour concilier nutrition et durabilité. Mais elle ne semble pas aussi irréprochable pour ce qui relève de certains micronutriments dont les produits animaux sont une source importante…
La vocation de l’assiette planétaire est claire : les quantités des différents aliments proposés sont censées couvrir les besoins nutritionnels, et la planète devrait être en mesure de produire cette nourriture en 2050 pour nourrir 10 milliards de bouches. Sans surprise, les produits animaux sont fortement réduits – sans pour autant qu’il s’agisse d’une alimentation végétarienne – au profit d’une composante végétale forte. C’est un principe de base qui va dans le sens d’une alimentation plus saine pour les Hommes, et pour la planète. Néanmoins, la couverture en certains micronutriments ne semble pas aussi bonne qu’attendue, en particulier ceux issus du règne animal…
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Composition nutritionnelle plus représentative
C’est en tout cas ce qui ressort de cette étude dont les investigateurs se sont interrogés sur l’adéquation de l’assiette dite planétaire EAT-Lancet en certains micronutriments. En particulier les micronutriments du règne animal, qui sont moins bien représentés et, pour certains, sous une forme moins biodisponible dans les sources végétales qu’animales. Les chercheurs ont donc repassé au crible les apports en micronutriments selon les recommandations de EAT-Lancet, mais en utilisant, pour chaque groupe d’aliment, des valeurs représentatives à l’échelle mondiale, et non ponctuelles. Ils ont ensuite effectué harmonisation globale des apports recommandés en nutriments pour les adultes pour les 6 micronutriments les plus à risque : folate, vitamine A, vitamine B12,calcium, fer et zinc.
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Propositions de modification de EAT
Les résultats montrent que les apports nutritionnels recommandés avec les grammages proposés par EAT-Lancet ne sont pas atteints pour 4 des 6micronutriments investigués. Les apports exprimés en pourcentages de l’apport nutritionnel recommandé sont les suivants :
- Vitamine B12 : 93 % pour les femmes et les hommes
- Calcium : 84 % pour les femmes, 86 % pour les hommes
- Fer : 55 % pour les femmes, 90 % pour les hommes
- Zinc : 93 % pour les femmes, 78 % pour les hommes
Les auteurs proposent des adaptations des grammages initiaux de EAT-Lancet pour combler ces déficits, tout en évitant de recourir à la supplémentation ou à l’enrichissement). Ils estiment qu’au niveau de la population, il faudrait :
- Augmenter : les quantités de poisson, crustacés, graines, œufs et bœuf
- Réduire : les quantités d’aliments riches en phytates tels que les céréales complètes, les légumineuses et les fruits à coque.
Par rapport aux apports moyens estimés d’aliments d’origine animale au niveau mondial, une transition vers ce régime hypothétique impliquerait une diminution de la viande rouge et une augmentation des œufs, du poisson, des crustacés et des produits.
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Sources
Beal T et al. The Lancet Planetary Health. Published : March 2023. DOI:https://doi.org/10.1016/S2542-5196(23)00006-2