L’ashwagandha, plante dite « adaptogène » utilisée depuis des siècles dans la médecine ayurvédique, connait un succès croissant dans un monde de plus en plus stressé. Mais entre efficacité et sécurité, l’ashwagandha souffle le chaud et le froid !
L’ashwagandha, ou Withania somnifera, est une plante de la famille des Solanacées. Elle tire son nom du sanskrit ashva (cheval) et gandha (odeur), parce que sa racine dégage une forte odeur de cheval. Mais ce n’est pas ce qui fait son attrait. Utilisée traditionnellement dans la médecine ayurvédique, cette plante connait un regain d’intérêt tout particulier depuis l’épisode de COVID. C’est d’ailleurs le cas de l’ensemble des plantes dites « adaptogènes », un concept peu scientifique, mais très séduisant : il attribue une capacité au corps de se mettre dans un état de bien-être physique et mental, en lui permettant de faire face au stress, d’améliorer la concentration ainsi que le fonctionnement du système immunitaire. Qui n’en voudrait pas ! L’ashwagandha est vendue sous forme de complément alimentaire dans de nombreux pays. Mais entre efficacité et sécurité, l’ashwagandha souffle le chaud et le froid !
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L’ashwagandha réduit l’anxiété et le stress
Il existe bien certaines études qui sous-tendent que l’ashwagandha aurait des effets potentiellement intéressants, au travers notamment des glycosides withanoloïdes présents dans la plante. C’est dernièrement le cas de cette étude indienne randomisée contrôlée menée auprès de 60 sujets physiquement sains avec un niveau élevé de stress et d’anxiété. Les groupes d’intervention ont reçu quotidiennement un supplément de 60 (AE60) ou 120 (AE120) mg d’extrait de feuille et de racine d’ashwagandha, à 35 % de glycosides withanoloïdes.
Les résultats montrent qu’après 60 jours, le score d’anxiété (Hamilton Anxiety Rating Scale) a baissé de 59 % dans les deux groupes intervention, contre une très légère augmentation (0,83 %) dans le groupe contrôle. Le taux de cortisol matinal a diminué de 66 % dans le groupe AE60 et de 67 % dans le groupe AE120, alors qu’il n’a diminué que de 2,2 % dans le groupe contrôle. Les taux de testostérone ont aussi augmenté de manière significative, et le niveau de stress perçu a diminué dans les deux groupes intervention.
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De sérieux doutes sur la sécurité de l’ashwagandha
La question de la sécurité d’utilisation de l’ashwagandha est aussi sur le tapis depuis plusieurs années. En 2021, le Danemark a tout simplement interdit l’utilisation d’ashwagandha. Dans la pharmacopée française, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ansm) a classé, en 2023, la racine de Withania somnifera dans la liste B des plantes médicinales utilisées traditionnellement en l’état ou sous forme de préparation dont les effets indésirables potentiels sont supérieurs au bénéfice thérapeutique attendu.
En 2024, L’Agence nationale (Française) de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) s’est saisie du sujet et conclue en l’impossibilité de définir un niveau de consommation sans risque en raison de la qualité insuffisante des données disponibles. L’agence estime que « compte tenu des suspicions d’effets indésirables sur la thyroïde, le foie, le cœur, le système nerveux central, la fertilité et le développement fœtal, l’Anses recommande aux personnes présentant des pathologies thyroïdiennes, hépatiques, cardiaques, une hyperandrogénie ainsi que les femmes enceintes et les personnes sous traitement sédatif ou ayant une action dépressive sur le système nerveux central, de s’abstenir de consommer des compléments alimentaires contenant Withania somnifera. Bref, la prudence s’impose.
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