Le finger-food est-il réellement efficace pour favoriser les apports alimentaires et lutter ainsi contre la dénutrition chez les personnes atteintes de troubles cognitifs ? Une étude prospective rapporte des résultats mitigés, et pointe notamment un surcoût important.
Parce que prendre de la nourriture en main et la porter à sa bouche sont des gestes qui ne « s’oublient pas » , contrairement à l’utilisation des couverts, le finger-food est proposé comme une façon de favoriser la prise alimentaire chez certains patients souffrant de troubles cognitifs (Alzheimer et autres démences notamment). Développé par un gériatre suisse, Charles-Henri Rapin, le finger-food ou « manger-main » serait ainsi une manière de réduire le risque de dénutrition, de maintenir l’indépendance et l’autonomie de la personne, ce qui n’est pas rien. Bien que des projets finger-food aient déjà été mis en place ça-et-là, avec des retours positifs, peu d’études ont permis d’objectiver son impact réel sur la prise alimentaire.
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Peu d’effet du finger-food sur la quantité de nourriture ingérée
Une équipe française a voulu savoir si le finger-food permettait réellement d’augmenter la quantité de nourriture ingérée. Par la même occasion, les chercheurs en ont profité pour évaluer la satisfaction après les repas, ainsi que le coût de ce type de repas.
Dans cette étude prospective, les auteurs ont comparé l’apport alimentaire observé au cours de trois repas « finger-food » avec celui de trois repas standards (contrôle), et cela auprès des mêmes 50 résidents dans une maison de repos.
Les résultats indiquent que pour ce qui relève de la consommation moyenne, il n’y a pratiquement pas de différence selon le type de repas (scores de 40,7 sur 50 pour le finger-food, contre 39,0/50 pour les repas standards).
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Un surcoût de près de moitié
Un point positif pour le finger-food est que les chercheurs ont observé qu’il augmentait la probabilité de la prise alimentaire : les résidents sont plus enclins à manger, même si cela ne se traduit pas in fine par une augmentation significative de la quantité moyenne ingérée. Le score de satisfaction à l’issue des deux types de repas n’atteignait pas non plus de différence significative.
Enfin, cette étude met aussi en évidence un surcoût de 49 % pour les repas finger-food, par rapport aux repas standards.
Les auteurs concluent que, selon eux, la meilleure option consiste à proposer le finger-food de manière occasionnelle ou saisonnière plutôt de que façon systémique, ceci afin d’introduire de la nouveauté et du plaisir auprès des résidents.
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Source
Carrette J et al. Aging Clin Exp Res 2023 ;35(8) :1661-1669. doi: 10.1007/s40520-023-02444-5