Une vaste étude remet le cholestérol et les œufs dans l’actualité scientifique: leur consommation est associée à une mortalité accrue. Mais dans la foulée, une autre étude apporte une autre lecture. La saga du cholestérol refait surface…
Le cholestérol alimentaire est passé en quelques décennies d’ennemi public numéro un à faux coupable, voire bouc émissaire. Et l’œuf, aliment riche en cholestérol, a suivi le même sort. Le cholestérol n’est-il donc plus une préoccupation? Une vaste étude indique qu’il a peut-être été un peu trop vite relégué aux oubliettes…
En effet, les récentes recommandations, tant américaines que les repères de l’EFSA, ont relégué le cholestérol alimentaire au second plan, et mettent l’accent avant tout sur les acides gras saturés. Mais cette nouvelle étude rapporte que la consommation de cholestérol alimentaire (qui inclut le cholestérol des œufs et de la viande) et la consommation d’œufs sont associées à la mortalité cardiovasculaire et à la mortalité toute cause, et cela selon une relation dose-dépendante.
À lire aussi: Le cholestérol est-il encore important?
Le cholestérol de l’œuf associé au risque cardiovasculaire
Cette étude a de quoi être prise au sérieux, notamment par la taille de son échantillon et sa durée: elle regroupe pas moins 29 615 adultes issus de 6 études prospectives aux États-Unis, avec un suivi moyen de 17,5 ans.
Un autre résultat important confirme le rôle supposé du cholestérol alimentaire: l’association entre cholestérol alimentaire et la mortalité toute cause n’est plus significative après ajustement pour la consommation d’œufs et de viande, transformée ou non. En outre, elle indique que le contenu en cholestérol de l’œuf explique pleinement l’association entre œuf et risque cardiovasculaire, et partiellement l’association entre œufs et mortalité toute-cause.
Si le lien causal entre cholestérol alimentaire et mortalité cardiovasculaire peut trouver son explication par l’intermédiaire du cholestérol LDL, l’association avec la mortalité toute cause est plus difficile à expliquer, reconnaissent les auteurs.
Autre son de cloche de Corée
Une autre étude, publiée peu après la précédente et menée en Corée, s’est également intéressée à la question du cholestérol alimentaire et son rôle dans l’hypercholestérolémie, à côté de celui des acides gras saturés. L’analyse porte sur plus de 11 000 personnes de la 2012-2016 Korea National Health and Nutrition Examination Survey, après exclusions des personnes sous traitement hypolipémiant.
Les résultats montrent que le cholestérol alimentaire est associé au risque d’avoir un cholestérol total et un cholestérol LDL élevé, mais que cette association disparaît lorsque l’on corrige pour l’apport en acides gras saturés. Elle va donc à l’encontre de l’étude précédente, en suggérant que ce n’est pas le cholestérol alimentaire qui accroît le LDL, mais bien les acides gras saturés, en particulier ceux des viandes transformées. Voilà qui relance un vieux débat…
Télécharger le Nutrigraphics: La cible du cholestérol