Cibler le microbiote pour améliorer la santé peut se faire au travers d’approches diverses, de la microbiologie des plus complexes à des gestes alimentaires ultrasimples… Comme inviter les haricots secs plus souvent à table.
Moduler l’activité du microbiote intestinal pour en retirer des bénéfices pour la santé est devenu une réalité. C’est précisément ce que fait une substance prébiotique, ce qui est le cas notamment de nombreuses fibres fermentescibles. Si ce n’est que pour pouvoir bénéficier du titre de prébiotique, il faut avoir pu montrer le bénéfice pour l’hôte, ce qui n’a pas été entrepris pour toutes les fibres fermentescibles par exemple, ou bien d’autres composés, comme des polyphénols.
Cet essai a été mené chez des personnes obèses ayant des antécédents de néoplasie colorectale, une situation connue pour être associée à une altération du microbiote intestinal. L’intervention consistait à introduire un prébiotique simple et accessible : des haricots secs cuits. Ces denrées doivent leur effet prébiotique en partie à leur contenu en oligosaccharides fermentescibles, longtemps vus d’un mauvais œil puisqu’ils sont responsables de la formation de gaz. L’amidon résistant, d’autres fibres solubles, des polyphénols, des acides aminés et d’autres composés bioactifs sont également impliqués dans l’effet prébiotique des haricots, ce qui en fait un prébiotique plus complexe que pour l’une ou l’autre fibre administrée isolément.
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Une tasse de haricots blancs par jour
L’essai portait sur 55 patients. Après 4 semaines d’un équilibrage alimentaire (pour homogénéiser leur alimentation), ils ont été assignés de façon randomisée à un groupe devant consommer chaque un jour une tasse de haricots blancs en conserve ou au groupe contrôle (sans haricots secs donc). Après 8 semaines, les groupes ont été inversés pour une nouvelle période de 8 semaines.
Au cours de cet essai, baptisé BE GONE pour “Beans to Enrich the Gut microbiome vs. Obesity’s Negative Effects”, un diététicien était mis à disposition des participants pour les aider à intégrer leur tasse de haricots dans leur alimentation quotidienne, qui leur apportait un complément de 16 g de fibres, 14 g de protéines pour 220 kcal.
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Un effet prébiotique significatif
L’expérience montre un effet prébiotique lors de la période avec les haricots blancs, avec notamment une augmentation significative de Faecalibacterium, Eubacterium et Bifidobacterium ainsi qu’une augmentation de la diversité alpha. Dans le même sens, le métabolome circulant montre des modifications en nutriments et en métabolites issus du microbiome, dont une augmentation de l’acide pipécolique – marqueur de la compliance pour la consommation de haricots – et une diminution de l’indole, modifications qui sont réversibles lors de la période sans haricots. De plus, la période avec haricots s’accompagne d’une réduction de plusieurs marqueurs de l’inflammation intestinale.
Les auteurs concluent qu’une stratégie aussi simple que d’ajouter une tasse de haricots blancs à son alimentation – ce qui ne dispense pas d’effectuer d’autres modifications supplémentaires pour optimiser son alimentation – s’avère efficace pour moduler favorablement le microbiote intestinal et améliorer la santé chez des patients à haut risque. Ils précisent qu’étant donné que la tolérance a été bonne chez ces patients avec un historique de lésions intestinales, les haricots ne devraient pas être évités, comme c’est parfois le cas…
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