Longtemps vues comme de simples alliées du transit intestinal, les fibres se révèlent avoir des effets dans bien d’autres domaines, grâce à leur influence sur le microbiote intestinal. Et agir ainsi même sur l’immunité.
Il y a un demi-siècle, la découverte des fibres alimentaires par Burkitt et Trowell était déjà associée à un effet potentiellement protecteur vis-à-vis de nombreuses pathologies chroniques. Pourtant, les fibres sont restées longtemps cantonnées à leur action purement mécanique, facilitant le transit intestinal. Les premières recommandations nutritionnelles concernant les fibres étaient d’ailleurs basées sur la quantité permettant d’assurer un transit intestinal normal…
Mais depuis les nombreuses et fabuleuses découvertes sur le microbiote intestinal, les fibres – en tout cas les fibres fermentescibles, qui servent donc de « nourriture colique » – ont gagné en importance et sont désormais vues sous un jour nouveau. Et c’est encore le cas avec ces découvertes issues de travaux menés chez la souris et conduits par une équipe du Luxembourg Institute of Health.
À lire aussi : Nutrigraphics: Équilibre du transit intestinal
Moins de vitamines B produites avec un régime sans fibres
Les chercheurs ont étudié les effets chez le rongeur de 5 régimes différents :
- Une nourriture entièrement dépourvue de fibres
- Une nourriture standard pour rongeurs
- Une nourriture standard pour rongeur enrichie en fibres de céréales, jets de luzerne, levure et betterave
- Une nourriture sans fibres dans laquelle a été rajouté de l’inuline
- Une nourriture sans fibres enrichies en fibres de pommes de blé, d’avoine, de pois et de psyllium
Les chercheurs ont constaté, au terme des 40 jours de l’expérience, que le régime dépourvu de fibres entraînait une diminution de la quantité de vitamines B produites par le microbiote intestinal. Or, les vitamines B produites dans l’intestin ont un impact sur plusieurs sous-ensembles de cellules immunitaires. Cette moindre présence de vitamines B est par ailleurs associée à un environnement intestinal pro-inflammatoire.
À lire aussi : Sport et immunité: l’influence de l’alimentation
Les fibres pour restaurer l’homéostasie immunitaire
En revanche, les régimes comprenant les différentes fibres, dont celui avec l’inuline – une fibre prébiotique bien étudiée pour ses effets sur le microbiote intestinal – restaurent la production de ces vitamines B, tout en rééquilibrant la balance immunitaire (en agissant notamment sur les cellules T régulatrices).
Outre la diminution des vitamines B, l’absence de fibres alimentaires entraîne également une chute de la production d’acides gras à courte chaîne, qui ont aussi de nombreux effets favorables e contribuent au bon fonctionnement de l’immunité. Les acides biliaires secondaires se voient également produits en moins grande quantité suite à la privation de fibres.
Les auteurs rapportent encore que toutes les fibres n’ont pas le même effet sur la restauration de l’homéostase immunitaire. Ils préconisent d’étudier désormais les effets de différents types de fibres chez l’Homme, ce qui pourrait déboucher sur le développement de prébiotiques qui ciblent l’immunité.
À lire aussi : Les fibres pourraient protéger le cerveau vieillissant