Plusieurs études ont rapporté une relation inverse entre consommation de fibres alimentaire et excès de poids/obésité. Mais est-ce que l’enrichissement des aliments et boissons en fibres extraites et isolées est-il pour autant efficace pour manger moins et perdre du poids ?
Longtemps vues uniquement sous l’angle du transit intestinal, les fibres alimentaires ont montré de nombreux effets potentiellement intéressants pour la santé. Parmi eux, il en est un qui séduit particulièrement dans le contexte de « globésité » : leur effet coupe-faim, ou tout au moins, leur aptitude à réduire la sensation de faim, donc la prise alimentaire. Cela pourrait avoir un intérêt aussi bien préventif, pour limiter la prise de poids, que curatif, pour favoriser la perte de poids. De nombreuses études ont rapporté une association inverse entre la consommation de fibres et la corpulence. Aujourd’hui, des fibres extraites et isolées sont ajoutées çà et là dans de nombreux produits. Cela peut certes réduire le fossé qui sépare la consommation des apports recommandés, mais est-ce efficace pour réduire l’appétit et faire perdre du poids ?
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De maigres résultats pour les fibres extraites et purifiées
C’est pour tenter de répondre à cette question que des scientifiques américains, dont les travaux sont publiés dans la revue Appetite, ont mené une revue de la littérature sur ce sujet. Ils ont ainsi identifié 136 études, dont 107 études aigües et 29 études chroniques.
Les résultats indiquent que dans l’ensemble, la plupart des fibres extraites et isolées qui sont ajoutées dans des aliments ou boissons ne montrent pas d’effet significatif sur le degré d’appétit ni sur les apports énergétiques.
Dans les études aigües, deux fibres visqueuses, l’alginate ou gomme de guar et les fibres d’avoine, sont le plus couvent citées pour réduire le taux d’appétit. Idem pour les apports en maltodextrines et dextrines résistantes, mais uniquement dans les études chroniques, et pas aigües.
Les fibres visqueuses sont plus associées à une réduction de l’appétit que les fibres non-visqueuses. Par ailleurs, le caractère fermentescible des fibres extraites et isolées ne semble pas affecter l’appétit.
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Encore un tour de l’effet matrice ?
Bref, bien que les fibres soient largement utilisées comme coupe-faim, il semble que l’ajout de fibres extraites et purifiées dans les denrées alimentaires n’est pas en mesure de fournir la preuve de son efficacité pour réduire la consommation énergétique, et lutter ainsi contre l’excès de poids/l’obésité. Ces données, confrontées à celles qui rapportent qu’une alimentation naturellement riche en fibres est associée à une corpulence plus faible, nous rappellent que les effets d’un aliment ne se limitent pas à son contenu en nutriment. Autrement dit, que lorsque les fibres font partie intégrante de la matrice de l’aliment, les effets sont différents.
Voilà qui plaide donc pour privilégier des sources de fibres sous une forme plus brute, par rapport aux denrées enrichies en fibres extraites et purifiées. Une différence qui n’apparait pas dans le tableau de la composition nutritionnelle, mais bien dans la liste d’ingrédients.
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Source:
Mah E et al. Appetite 2023, 180:1106340. https://doi.org/10.1016/j.appet.2022.106340