Au-delà des chiffres alarmants, une étude américaine dresse un constat inquiétant: malgré l’accès aux soins, la majorité des seniors diagnostiqués aux urgences ignorent tout de leur état et n’aurait jamais été informés des risques de la dénutrition pour leur santé.
Aux États-Unis, les urgences accueillent chaque année près de 20 millions de personnes âgées. Autant d’opportunités pour les médecins urgentistes de suivre et d’agir sur les facteurs de risque avec efficacité et pour un coût très faible.
Publiée dans Annals of Emergency Medicine, l’étude menée par le département de médecine d’urgence de l’Université de Caroline du Nord, aux Etats-Unis, révèle que chez 138 patients de plus de 65 ans concernés, 16% ont été diagnostiqués dénutris et 60% d’entre eux étaient à risque de dénutrition. Parmi les patients dénutris, 77% ont confirmé qu’ils n’avaient jamais été diagnostiqués au préalable.
La dénutrition était significativement associée à des symptômes de dépression (52% des sujets), à des problèmes de dentition (38%) ou encore à des difficultés pour s’approvisionner en aliments (33%).
En revanche, l’étude ne parvient pas à démontrer que le risque de dénutrition est lié à un manque d’accès aux soins, une maladie grave ou de la démence. Dans l’échantillon observé, 95% des patients avaient un médecin traitant, 94% vivaient à leur domicile et 96% avaient une assurance de soins de santé. Aucune relation n’a pu non plus être mise en évidence avec le niveau d’éducation et les patients suivis étaient cognitivement sains.
Ces résultats montrent donc que la dénutrition est probablement largement sous-estimée chez la personne âgée au-delà de 65 ans, mais aussi que ses causes sont particulièrement complexes.