L’enquête de consommation alimentaire révèle le fossé qui sépare la situation actuelle des recommandations alimentaires 2025. Les écarts les plus importants concernent la consommation insuffisante de céréales complètes, de fruits à coque et de légumes.
L’enquête de consommation alimentaire 2022-2023 menée par Sciensano a livré ses résultats. Elle remplace désormais l’enquête précédente portant sur 2014-2015, pour donner une vue plus actuelle des habitudes alimentaires de la population. Ces données sont à comparer aux toutes dernières recommandations alimentaires 2025 du Conseil Supérieur de la Santé, qui ont été actualisées depuis la version précédente de 2019. Les repères alimentaires n’ont pas fondamentalement changé, hormis quelques ajustements, comme les légumineuses, qui passent de minimum une fois par semaine à plusieurs fois par semaine, les fruits à coque et graines de 15-25 g/j à 20-30 g/j et l’invitation à limiter les pommes de terre en friture, les boissons sucrées et à préparer plus soi-même sa nourriture.
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Les céréales complètes : 1 % de la population atteint l’objectif
Ces nouvelles données sont l’occasion de revenir sur certaines priorités. Ainsi, dans la hiérarchie des facteurs de risque alimentaires qui sont évalués par le Global Burden of Disease, c’est la consommation insuffisante de céréales complètes qui arrive en tête – et ce dans l’ignorance la plus totale de la majorité de la population. Objectif du CSS 2025 : atteindre 125 g de céréales complètes par jour. Consommation moyenne de céréales complètes : 19 g par jour. Autant dire qu’on est loin du compte, puisque seul 1 % de la population belge atteint l’objectif pour les céréales complètes.
Le deuxième décalage le plus important entre consommation et recommandation est lui aussi largement méconnu : il s’agit du groupe des fruits à coque et graines, dont la consommation moyenne n’est que de 2 g par jour. Seuls 3 % de la population belge atteint l’objectif minimal de 20 g/j. Et pourtant, ce n’est pas un objectif si compliqué à mettre en place que de croquer une poignée de fruits à coque quotidiennement, dans le cadre ou en-dehors des repas, à la maison ou en déplacement…
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Légumes et charcuteries dans le top 5 des inadéquations
Troisième décalage le plus important révélé par Sciensano qui, contrairement aux deux premiers, est largement dans les consciences : la consommation de légumes. Même si celle-ci a légèrement progressé, pour passer de 140 à 157 g/j en moyenne depuis la précédente enquête de consommation, elle reste largement en dessous de la recommandation qui est toujours d’au moins 300 g/j. Seuls 7 % de la population belge atteint cette recommandation pour les légumes.
Pour compléter le top 5 des apports inadéquats, on trouve en 4e place la consommation excessive de viande rouge transformée, qui est de 189 g par semaine, soit plus de 6 fois supérieure à la limite préconisée de max 30 g par semaine. Relevons tout de même que cette consommation était sensiblement plus élevée (231 g/semaine) dans l’enquête précédente. Néanmoins, à la différence de la poignée de noix, cet objectif est culturellement bien plus difficile à implémenter…
En 5e position figure la consommation insuffisante de fruits : elle n’est que de 123 g/j, soit la moitié des 250 g/j recommandés par le CSS. Seuls 10 % de la population atteint l’objectif pour les fruits.
Du côté des bonnes nouvelles, l’enquête révèle encore que depuis 2014-2015, la consommation de boissons sucrées et celle de boissons alcoolisées ont toutes deux diminué, celle d’eau a augmenté, même si elle reste insuffisante pour 63 % de la population…
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Sources
Sciensano. Enquête de Consommation Alimentaire 2022-2025
CSS – Recommandations alimentaires pour la population belge adultes- 2025.