Souvent présenté comme le repas le plus important de la journée, le petit-déjeuner est habituellement vu comme un élément favorable pour le poids. Mais son rôle a été revu récemment. On fait le point.
Le monde continue à grossir, et la compréhension des multiples facteurs incriminés dans cette évolution est cruciale pour pouvoir agir. Outre les apports en énergie et en nutriment, on s’intéresse de plus en plus à leur répartition au cours du cycle de 24. Avec des découvertes à la clé, comme le jeûne intermittent, le rôle du sommeil dans l’hyperphagie et la prise de poids, etc.
Si le petit-déjeuner est souvent présenté comme le repas le plus important de la journée, ce n’est certainement pas en raison de sa contribution énergétique à la ration journalière : de l’ordre de 20 à 25 % de l’apport énergétique total, soit moins que le repas principal plus proche des 35 à 40 % de l’AET). Son importance vient des différentes études qui remontent aux années nonante, et qui ont rapporté de nombreuses associations favorables au fait de prendre un petit-déjeuner : meilleure répartition d’énergie au cours de la journée, avec des repas plus légers le soir, moins de grignotage dans la matinée et, in fine, une corpulence plus mince pour qui prend un petit-déjeuner chaque jour. Mais…
A lire aussi : La sieste : bonne ou mauvaise habitude pour le poids ?
Petit-déjeuner et prises alimentaires nocturnes
Plus récemment, une revue systématique et méta-analyse publiée dans le BMJ en 2019 concluait que le fait d’adopter le petit-déjeuner ne constituerait pas une bonne stratégie pour la perte de poids, par rapport à ses habitudes précédentes1. Les auteurs soulignaient cependant les limites de leur conclusion en raison de la faiblesse des études existantes. Bref, les certitudes relatives au rôle du petit-déjeuner par rapport au poids sont plus que ténues. Il est dès lors bienvenu de disposer de nouveaux éléments, ce qui est le cas avec cette étude longitudinale menée auprès de 48.150 adultes chinois âgés en moyenne de 50 ans, et exempts de diabètes, maladie cardiovasculaire au début du suivi2.
Les chercheurs se sont intéressés aux associations entre le fait de sauter le petit-déjeuner, ainsi que de manger la nuit, et l’évolution annuelle du poids et du tour de taille, sur la base d’un suivi pendant 4 ans.
A lire aussi : Chrononutrition et poids : une fausse piste ?
Une prise de poids plus faible
Les résultats, publiés dans le American Journal of Clinical Nutrition, montrent que les personnes qui présentent les deux « mauvaises habitudes », à savoir sauter le petit déjeuner et manger la nuit, prennent chaque année ½ kilo (0,53 kg) de plus ainsi que 0,41 cm de tour de taille de plus que ceux qui ne les présentent pas. Les auteurs constatent que cette association est plus forte chez les personnes avec un Indice de Masse Corporelle plus élevé, par rapport à celles avec un IMC plus bas. Et de façon similaire, cette association est plus marquée chez les personnes dont la qualité nutritionnelle de l’alimentation est faible, par rapport à ceux qui mangent plus équilibré.
En d’autres termes, cette étude suggère bel et bien un intérêt de prendre un petit-déjeuner et de ne pas manger la nuit. Pas parce que cela fait maigrir, mais parce qu’il semble bien que cela freine la prise de poids (surtout chez celles et ceux qui ont tendance à en prendre plus), ce qui est loin d’être négligeable dans la situation actuelle…
A lire aussi : L’horaire des repas influence l’oxydation des graisses