Et si une partie des bienfaits des fruits et légumes ne résidait pas dans leurs nutriments et autres bioactifs ? C’est ce que suggère pour la première fois cette étude, en montrant que le microbiome des fruits et légumes est associé à une plus grande diversité microbienne intestinale.
Depuis des décennies, les nombreuses études sur les fruits et légumes convergent pour considérer cette famille d’aliments comme une composante importante d’une alimentation saine, et même préventive. De nombreuses caractéristiques nutritionnelles considérées comme favorables (faible densité énergétique, forte densité nutritionnelle, faible rapport sodium/potassium, richesse en antioxydants…) peuvent contribuer à expliquer ces effets bénéfiques, sans toutefois que les mécanismes précis aient été clairement identifiés. Plus récemment, c’est l’effet matrice, avec les interactions entre les différents constituants, qui a fourni une explication crédible – quoique toujours mystérieuse – des effets santé des fruits et légumes. Et encore, la fermentation colique des fibres qui peut avoir une influence favorable sur le microbiote intestinal. Mais il semble que l’on ait oublié quelque chose : les micro-organismes associés aux fruits et légumes que nous consommons…
À lire aussi : Des herbes aromatiques et des épices pour un microbiote intestinal en meilleure santé
Les bactéries des fruits et légumes se retrouvent dans l’intestin
C’est une première dans le genre : des chercheurs de la Gratz University of Technology (Autriche) viennent en effet de prouver que les micro-organismes venant des fruits et légumes influencent la composition du microbiome intestinal humain.
Les chercheurs ont commencé par créer un « catalogue » du microbiome de fruits et légumes (les micro-organismes et leur génome). Ils ont comparé ces données à celles de deux études sur le microbiote intestinal, dont une portant sur le développement à long terme de bébés. Pas moins de 2500 échantillons de selles et des milliards de séquences ont été passés au crible. C’est sur cette base qu’ils ont pu démontré la présence, dans le microbiote intestinal, de micro-organismes issus des fruits et légumes frais. Plus précisément, ils ont trouvé des membres communs entre fruits et légumes frais et intestin humain, notamment Enterobacteraless, Burkholderiales et Lactobacillales.
À lire aussi : L’influence des « biotiques » sur le microbiote intestinal & la santé
Les fruits et légumes candidats probiotiques
Les auteurs concluent que l’exposition aux bactéries par la consommation de fruits et légumes a potentiellement un impact bénéfique sur la diversité fonctionnelle du microbiote intestinal. Dans quel cas, on pourrait considérer les fruits et légumes frais comme des probiotiques.
Quoi qu’il en soit, ces données plaident en faveur des fruits et légumes frais. La nature de leur microbiome dépend de nombreux facteurs, dont le recours aux produits phytosanitaires. Il y a encore de nombreuses recherches à mener pour en préciser les implications sur la santé. Ceci dit, il y a quelques années, une étude avait déjà montré que la population microbienne de pommes issues de l’agriculture biologique était plus importante et plus diversifiée que celles de pommes conventionnelles. Voilà qui, à défaut de différences flagrantes dans les nutriments, pourrait donc constituer un argument en faveur des fruits et légumes frais bio…
À lire aussi : Bio versus conventionnel: et si on parlait bactéries?