Cet événement biennal réunit des chercheurs académiques en vue de collaborations de développement et des industriels à l’affût des dernières évolutions de la recherche. Pas moins de 600 professionnels de la nutrition-santé se sont réunis cette année dans le but d’accélérer leurs programmes de recherche et de favoriser l’innovation, pour faire bénéficier au plus grand nombre des avancées de la science.
De nombreuses innovations ont été présentées au cours de l’évènement. Ainsi, le règlement «Allégations nutritionnelles et de santé» de l’UE, émis par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), a focalisé une bonne partie de l’attention. L’avantage nutritionnel est devenu un élément particulièrement stratégique pour l’industrie alimentaire en termes d’innovation, de recherche et développement, de compétitivité et de communication. La réglementation est désormais de plus en plus stricte sur ce sujet et implique de sérieux remaniements à tous les niveaux du secteur.
C’est dans cette optique que s’inscrit notamment le projet AFRESH (Countering diet-related diseases through competitive regional food- and physical activity clusters), financé au titre de la ligne budgétaire «Régions de la connaissance» du septième programme-cadre (7e PC) de l’UE et étalé de 2010 à 2013. Ce programme établit un agenda de recherche pour réduire les maladies associées à l’alimentation et à l’inactivité physique en développant des produits innovants pour offrir aux malades l’aide nécessaire. Les partenaires d’AFRESH proviennent de Belgique, de France, de Hongrie, des Pays-Bas, de Pologne et du Royaume-Uni et jouent un rôle essentiel dans la mise en place d’activités en vue d’établir et d’améliorer les styles de vie sains pour l’avenir. AFRESH fait partie de l’Initiative Food Cluster qui vise à renforcer la recherche de l’UE sur l’alimentation et à stimuler son avantage compétitif.
Communication du risque et réseaux sociaux
Lors de l’évènement, le Dr Monique Raats du Food, Consumer Behaviour & Health Research Centre de l’université de Surrey du Royaume-Uni, en citant les résultats générés par le projet FOODRISC, explique que la communication doit trouver un équilibre entre les allégations bénéfiques, les risques et les informations générales destinées aux consommateurs. Le projet FOODRISC (Food Risk Communication, Perceptions and communication of food risks/benefits across Europe: development of effective communication strategies) souhaite offrir aux consommateurs les renseignements adéquats nécessaires sur les relations des bénéfices et risques alimentaires. Financé au titre du thème «Alimentation, agriculture et pêche et biotechnologie» (KBBE) du 7e PC, FOODRISC comble les écarts le long de la chaîne alimentaire informative. Et surtout, il s’intéresse aussi pour la première fois aux bénéfices de l’utilisation des médias sociaux pour communiquer les risques sanitaires. L’objectif, à terme, est de délivrer des best practices.
Le syndrome E.Coli
Dans une autre initiative intéressante, des scientifiques de l’université de Gand ont découvert l’inquiétude des consommateurs face à la récente émergence de la bactérie E. coli entérohémorragique (EHEC). Toutefois, la confiance affichée par les autorités calme les peurs et encourage les citoyens à consommer des produits frais. Les résultats proviennent du projet VEG-I-TRADE (Impact of climate change and globalisation on safety of fresh produce governing a supply chain of uncompromised food sovereignty).
La communication doit trouver un équilibre entre les risques, les allégations bénéfiques et les informations générales destinées aux consommateurs.
Sur les 6.132 personnes interrogées dans le cadre d’une enquête publiée sur deux sites internet de quotidiens (Het Laatste Nieuws et De Morgen), les chercheurs ont découvert que 65% des lecteurs étaient inquiets, 64,2% pensaient que le risque de contamination était élevé, 56% étaient suspicieux, 20% fâchés et près de 33% effrayés. Plus de 31% expliquent qu’ils réduiraient leur consommation de produits frais, tandis que 80% ont indiqué qu’ils laveraient mieux leurs fruits et légumes. Plus de 50% pensent qu’ils peuvent empêcher qu’une contamination les affecte. Du point de vue du genre, les femmes sont plus inquiètes que les hommes. Les lecteurs plus jeunes (moins de 35 ans) étaient davantage concernés par la question que les lecteurs plus âgés (35 ans et plus). La confiance dans les autorités était élevée pour les moins de 24 ans et les plus de 65 ans. Les plus suspicieux avaient prévu de réduire leur consommation de produits frais. Les chercheurs expliquent que la communication sur l’élément déclencheur des bactéries EHEC influencerait grandement les achats et la consommation des produits frais.
Des attentes pour l’alimentation santé
Les différents projets et études relatés à l’occasion de Nutrevent montrent très clairement que ces dernières années, les attentes des consommateurs vis-à-vis des aspects santé et nutrition de leur alimentation ont tendance à s’accentuer. A titre d’exemple, en France, le baromètre de la perception de l’alimentation, mis en place par le Ministère de l’alimentation, de l’agriculture et de la pêche en 2006, a ainsi montré que pour le consommateur français, le lien entre l’alimentation et la santé est de plus en plus présent dans les discours. En 2009, 80,4% des Français considéraient que le fait de procurer un avantage santé était un critère important pour se faire une idée de la qualité d’un aliment, alors qu’ils n’étaient que 53% en 2006. Et compte tenu des défis santé qui s’annoncent dans les années à venir, un intérêt grandissant des consommateurs pour la nutrition n’est certainement plus un luxe !
Nutrevent 2011, Lille, 15-16 juin 2011.