Être physiquement actif sans bouger peut sembler paradoxal. Pourtant, avec une canne ou même assis, si l’on considère les personnes âgées à partir de 70 ans, il est possible de bouger sans trop bouger. Mobiliser une petite partie du corps aura déjà un impact.
Celui qui a toutes ses capacités physiques doit nécessairement bouger pour faire du sport. Mais nombreuses sont les personnes qui ont des difficultés à pratiquer une activité physique, du fait de phénomènes de dégénérescence liés à des maladies dégénératives, à un handicap ou au vieillissement naturel…
Mobiliser par le jeu
Généralement, une personne qui reste assise ne mobilise plus sa colonne vertébrale, notamment les tissus autour de la colonne. Or, il s’agit de la rendre vivante. Dès qu’on lève le bras, on constate déjà un renforcement musculaire au niveau de la colonne. Rien qu’un petit jeu, par exemple, où l’on touche les mains de l’autre à des hauteurs différentes, mobilise déjà le corps. Jouer avec des ballons ne semble avoir rien de compliqué, et peut motiver les personnes à s’activer et à participer.
Les personnes âgées pensent parfois qu’elles n’ont plus les capacités de mobiliser leur corps or, elles le peuvent, même si elles doivent rester assises. Le plus important est de parvenir à les faire bouger en s’amusant, à travers le jeu, même si ce sont des micromouvements. Ne fut-ce que taper dans une balle avec une main puis une autre, vers le haut puis vers le bas, même si on est assis, va mobiliser le dos, les épaules, les bras, les abdominaux,…
Marcher autour de la table, en gardant un appui si nécessaire, permet de mobiliser l’entièreté du corps. Tout dépend bien sûr du degré de condition physique de chaque personne, mais si c’est possible, autant monter les quelques marches d’escalier plutôt que de céder à la facilité en prenant l’ascenseur.
Quel que soit le type de mouvement, il faut être attentif à le réaliser dans de petites amplitudes (ne pas se pencher trop en avant, par exemple), pour redonner au corps la possibilité de maîtriser les forces en jeu dans l’équilibre. Pas de charges additionnelles nécessaires, ni d’efforts intensifs d’ailleurs, il vaut mieux opter pour une mobilisation physique purement fonctionnelle.
On confond souvent bouger, faire de l’exercice et muscler. Un renforcement musculaire consiste à se muscler ou à donner au corps la possibilité d’être mobile, avec l’ensemble de ses tissus (muscles, tissus conjonctifs, fascias) et de ses articulations sur les trois plans. Aller dans une direction et être capable d’en revenir sans se faire mal et sans tomber, en est un bon exemple…
Bouger, c’est la vie!
Passé un cap, certains n’ont «plus l’âge» ni la motivation de bouger. Or bouger, c’est la vie! Être capable de bouger les membres, de se redresser, de se rassoir,… c’est garder une forme d’autonomie par le mouvement, qui permet à l’individu de sentir qu’il existe! Le mot ‘sport’ peut effrayer à partir de 70 ans… On ne parle plus de sport ici, mais de s’exercer à reproduire les gestes de la vie quotidienne pour se sentir mieux: ramasser un objet qui est tombé au sol, plier les jambes pour prendre un produit en bas d’un rayon,… Il s’agit de ne surtout pas considérer les personnes âgées comme des personnes «fragiles», elles ont encore la capacité de maîtriser certaines forces.
Bouger et faire de l’exercice, ce n’est pas uniquement une question de performance. La performance réside dans le fait de rester mobile, d’avoir une autonomie de mouvements, de continuer à bouger, de préserver voire de gagner de l’énergie et de l’endurance, et cela pour le bien-être de la personne. C’est vrai pour un marathonien olympique, mais aussi pour une dame de 80 ans qui fait ses courses.
Un système intégré bien pensé
À partir du moment où le corps bouge, les muscles ne sont pas seuls à être sollicités, les bénéfices se ressentent aussi dans le système nerveux et le système hormonal, mais aussi dans le système cardiovasculaire. Un entretien général du ‘software’ de chacun, en quelque sorte. Le corps est un système intégré: si une personne âgée se déplace mieux, elle va bouger davantage, avoir plus d’énergie et être moins fatiguée, gagner en endurance et faire travailler l’ensemble du système. Et cela se répercute également dans le cadre psychologique, sur la motivation et le bien-être général. L’image de soi et la confiance en soi s’en voient renforcées.
Ne plus bouger par peur de se faire mal est récurrent. Le vieillissement implique des aspects dégénératifs, on se sent dès lors moins performant, ce qui autoalimente une image de soi négative. Il faut bloquer cette spirale du pessimisme (schéma ci-dessous), qui peut arriver à n’importe quel âge et dans toutes sortes de situations.
L’idée est davantage de faire une expérience positive et de se dire: «Je suis encore capable de faire ça». Le dialogue intérieur est plus positif, déterminant une bonne image de soi et un comportement futur positif correspondant, pour lequel on va chercher dans ses capacités pour aller plus loin. Même avec des athlètes de haut niveau, il s’agit de sortir du pessimisme et de toujours partir du succès, pour parvenir à faire mieux. Voici la marche à suivre pour enclencher la spirale du succès:
- Repartir du succès: «Qu’est-ce que je parviens vraiment à faire?»
- Renforcer ensuite le succès: «C’est bien, j’y arrive.»
- Puis challenger ce succès: «Comment puis-je encore faire mieux?»
- Arriver à un nouveau succès.
- Continuer la spirale…
Faisons-les bouger autrement!
Il faut encourager les seniors à bouger, mais peut-être pas dans le sens de la prescription. Il vaut mieux être attentif à leur discours: s’ils sont ancrés dans la spirale du pessimisme, pourquoi ne pas leur demander ce qu’ils parviennent encore à faire et convenir de la façon dont ils pourraient faire mieux. Les professionnels de la santé qui souhaitent conseiller à leurs patients plus âgés de bouger, alors qu’ils ont le sentiment de ne pas en être capables, peuvent donc leur faire prendre conscience qu’ils peuvent encore bouger, mais autrement. La population vieillissante peu active pense peut-être que bouger n’est pas fait pour elle. Pourtant, dès que l’on bouge, on (re)prend confiance en soi et on a envie de réitérer l’expérience. C’est la spirale du succès. Ne perdons pas de vue que l’être humain est fait pour bouger!