On le sait : le régime alimentaire méditerranéen, qui regorge de légumes, fruits, légumineuses, noix, céréales complètes, poisson et huile d’olive, comporte plusieurs avantages pour la santé. Cette alimentation peut désormais aussi être associée à un effet bénéfique sur le système cardiorespiratoire.
Notre capacité cardiorespiratoire indique dans quelle mesure notre corps est capable de fournir l’oxygène dont nous avons besoin pendant un effort physique. Une bonne capacité cardiorespiratoire est un indicateur de notre bon état de santé général et d’une plus longue espérance de vie. Plusieurs facteurs peuvent influencer cette capacité cardiorespiratoire, les plus évidents étant l’activité physique et le tabagisme.
Mais d’autres facteurs, comme l’alimentation, ont-ils aussi un rôle à jouer ? C’est ce qu’ont tenté de déterminer des chercheurs américains sur la base des données chiffrées de la Framingham Heart Study. Quelque 2.380 personnes ont ainsi participé à une étude observationnelle publiée en avril 2023 dans le European Journal of Preventive Cardiology. Ce groupe comptait 54% de femmes et l’âge moyen était de 54 ans.
Test à l’effort, questionnaires et prise de sang
Les participants ont été soumis à un test d’effort cardio-respiratoire (CPET) sur un vélo ergométrique, dont l’intensité allait croissante. Sur la base d’une mesure des échanges gazeux, les chercheurs ont calculé la consommation maximale d’oxygène pour chaque individu (appelée VO2 max), et qui détermine leur capacité cardiorespiratoire de référence. D’autres variables ont aussi été mesurées, notamment la consommation maximale d’oxygène relative (tenant compte du poids corporel) ainsi que le rythme cardiaque au repos et maximal.
Les participants ont renseigné leurs habitudes alimentaires dans deux questionnaires semi-quantitatifs : l’Alternative Healthy Eating Index (AHEI, élaboré par l’université d’Harvard) et le Mediterranean-style Diet Score (MDS). Il en est ressorti que :
- Plus les participants obtiennent un score élevé à l’AHEI, plus ils consomment de légumes, fruits, noix, légumineuses et acides gras polyinsaturés (oméga 3 compris).
- Un score élevé à l’AHEI a aussi été associé à une faible consommation de boissons sucrées, de viande rouge et transformée, de sources d’acides gras trans et de sel, ainsi qu’à une consommation modérée d’alcool.
- Le MDS s’est intéressé aux mêmes groupes alimentaires et aliments.
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Une alimentation méditerranéenne équivaut à 4.000 pas supplémentaires
Une fois les données corrigées en fonction du sexe, de l’âge et de la consommation d’énergie totale, les chercheurs ont constaté que les scores plus élevés à l’AHEI et au MDS donnaient lieu à une hausse d’environ 5 % de la consommation maximale d’oxygène, un effet comparable à 4.000 pas supplémentaires par jour. Les deux régimes alimentaires ont aussi été associés à un rythme cardiaque maximal plus élevé et à un rythme cardiaque au repos plus lent, ce qui suggère une meilleure fonction autonome du corps et un meilleur travail du cœur et des poumons.
Dans le cadre de l’étude, 1.154 participants ont également donné un peu de leur sang pour une analyse de plus de 200 métabolites. Les chercheurs ont associé 24 métabolites importants à l’alimentation méditerranéenne d’une part, et à la santé des participants d’autre part. Tout d’abord, il y a les métabolites pour lesquels une corrélation avait déjà été établie avec les régimes alimentaires en question :
- Les métabolites liés à la consommation de poisson dans le régime méditerranéen, bien qu’il ne soit pas clair si ceux-ci ont un impact direct sur la santé ou découlent de la consommation d’oméga 3.
- Les métabolites plus présents dans un régime alimentaire contenant beaucoup de viande rouge, d’acides gras trans et de graisses saturées, qui sont inversement associés à un AHEI et un MDS plus élevés. L’étude a révélé un lien entre ces métabolites (céramides et C6 et C7-carnitine notamment) et une moins bonne santé.
Les chercheurs ont aussi mis au jour de nouvelles associations entre certains métabolites et la consommation maximale d’oxygène. L’un d’entre eux est le N-monométhyl arginine (NMMA), associé à une plus grande résistance des vaisseaux sanguins, qui peut permettre une meilleure régulation de la pression sanguine chez les personnes en bonne santé.
Parmi ces métabolites, nombreux sont ceux qui avaient déjà été corrélés à la santé cardiométabolique dans le cadre de recherches antérieures. Chez les participants en bonne santé ayant une alimentation saine, les chercheurs ont notamment décelé de l’innamoylglycine, un métabolite associé à une meilleure résistance à l’insuline et un risque plus faible de diabète. Les chercheurs en ont conclu qu’un régime alimentaire sain pouvait améliorer la santé métabolique, ce qui peut expliquer les liens établis entre l’alimentation et l’état de santé des participants.