Le Nutri-Score facilite l’évaluation de la qualité nutritionnelle des produits de même catégorie ou usage, mais cela suffit-il à modifier les intentions d’achat? Une équipe de l’Université de Gand s’est penchée sur la question.
Cette recherche a été menée en ligne auprès de consommateurs en Europe. Elle consistait à demander aux participants d’évaluer le caractère sain et d’exprimer son intention d’achat pour des produits dans cinq catégories, avec ou sans la présence du Nutri-Score sur la face avant.
Comme dans bien d’autres travaux menés précédemment, les résultats montrent que la présence du Nutri-Score constitue une aide pour évaluer le caractère « sain » des denrées. Mais cela ne n’implique pas pour autant que des produits avec un bon Nutri-Score vont être plus achetés que les autres…
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Quelle que soit la couleur, le Nutri-Score est un plus
C’est donc la partie la plus intéressante de cette recherche : les participants expriment une intention d’achat plus élevée pour les produits les plus sains, c’est-à-dire ceux avec un Nutri-Score A et B. Et ce qui peut paraître surprenant, c’est qu’il apparait que, quel que soit le Nutri-Score, l’intention d’achat est plus élevée lorsque le logo à 5 couleurs figure sur l’emballage que lorsqu’il n’est pas présent.
En d’autres termes, le Nutri-Score semble favoriser l’achat de produits vert foncé (A) et vert clair (B), sans pour autant pénaliser ceux avec un Nutri-Score rouge (E). Voilà qui devrait apaiser les craintes de ceux qui commercialisent des produits avec un « mauvais » Nutri-Score (comme du chocolat) et dont certains s’opposent farouchement à l’idée que ce logo devienne obligatoire. Les auteurs, eux, plaident pour que le Nutri-Score devienne obligatoire sur les produits et estiment qu’il peut jouer un rôle dans l’épidémie d’obésité.
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Un logo harmonisé en Europe fin 2022
Dès son apparition, en France, le Nutri-Score fait l’objet de débats et de prises de position diverses. Les recherches scientifiques lui sont de façon assez unanime favorables, et plusieurs pays européens adhèrent à ce système : il s’agit de l’Allemagne, la Belgique, la France, l’Espagne et les Pays-Bas. Mais d’autres ont déjà leur système (par exemple le logo keyhole en Suède, au Danemark et en Lituanie) et/ou sont viscéralement contre le Nutri-Score.
C’est en particulier le cas de l’Italie, qui craint pour ses fleurons tels que l’huile d’olive, le jambon de Parme, le Parmigiano Reggiano et autre Grana Padano. L’Italie qui a d’ailleurs développé son propre système d’informations nutritionnelles, histoire de compliquer l’adoption d’un logo harmonisé dans l’Union Européenne, un objectif du plan « De la ferme à la table » de la Commission européenne pour fin 2022…
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E Temmerman J et al. Appetite 2021;157:104995. https://doi.org/10.1016/j.appet.2020.104995