L’anémie est une affection fréquente pendant la grossesse, en particulier chez les femmes des pays développés qui n’ont pas un apport en fer suffisant pour couvrir leurs besoins. Cette méta-analyse vient confirmer et préciser les bénéfices d’une supplémentation en fer durant la grossesse en particulier sur le poids de naissance du bébé.
Les résultats, publiés dans le British Medical Journal, montrent une relation dose-réponse, des doses plus élevées étant associées à un risque plus faible d’anémie maternelle et de faible poids de naissance.
Il existe différents types d’anémie mais l’anémie ferriprive est la plus fréquente et certaines études ont déjà suggéré un lien entre anémie ferriprive et naissance prématurée. Actuellement, la supplémentation en fer est recommandée en cas d’anémie confirmée par les tests sanguins et n’est pas systématique en raison du risque d’effets secondaires.
La dernière «review» Cochrane sur le sujet précise les posologies de supplémentation en fer par voie orale pendant la grossesse et, en cas d’anémie, suggère que l’apport quotidien de suppléments en fer peut être remplacé par un apport une ou deux fois par semaine, pour réduire les éventuels effets secondaires mais aussi améliorer l’acceptation et l’observance de la supplémentation.
Les chercheurs de la Harvard School of Public Health de l’Imperial College London rappellent que prendre des suppléments de fer augmente les taux d’hémoglobine de la mère et réduit le risque d’anémie de la mère pendant la grossesse. Mais une telle supplémentation va également, selon leur analyse, augmenter en moyenne de 41.2 g le poids du bébé et réduire son risque de faible poids de naissance de 19%.
Leur examen de la littérature a permis d’identifier 48 essais contrôlés randomisés, dont 27 menés dans les pays riches et 21 dans les pays en développement, portant au total sur près de 18.000 femmes enceintes. La dose de fer variait de 10 mg à 240 mg par jour et la durée de la supplémentation de 7 à 30 semaines au cours de la grossesse. Voici les principaux résultats de cette analyse:
- la supplémentation en fer a augmenté la concentration d’hémoglobine de la mère, en moyenne de 4.59 g/l par rapport aux groupes de contrôle (résultats comparables).
- la supplémentation en fer réduit de 50% le risque d’anémie de la mère (résultats hétérogènes) et chaque augmentation de 10 mg de fer par jour (et jusqu’à 66 mg) diminue le risque d’anémie maternelle de 12% (RR 0,88).
- la supplémentation en fer réduit de 41% le risque maternel de carence en fer.
- la supplémentation en fer de la mère réduit de 19% le risque de faible poids de naissance (RR 0,81). Par ailleurs, les bébés des mères avec supplémentation en fer ont un poids de naissance de 41.2 g supérieur en moyenne que les bébés des mères sans supplémentation. Chaque augmentation de 10 mg de fer par jour augmente, en moyenne, de 15.1 g le poids de naissance et diminue de 3% le risque de faible poids de naissance.
- la supplémentation en fer n’a pas été associée ici au risque de prématurité.
Cette analyse confirme ainsi que, chez les femmes atteintes d’anémie ferriprive, la supplémentation en fer pendant la grossesse améliore considérablement le poids de naissance de l’enfant et réduit le risque de faible poids de naissance.
Batool A. Haider et al., BMJ 2013; 346: f3443, online June 21 2013. J. P. Peña-Rosas et al., Cochrane Database of Systematic Reviews 2012, Issue 7. Art. No.: CD009997. (Visuel Fotolia)