Contrairement à ce que l’on croit généralement, les troubles du comportement alimentaire (TCA) ne touchent pas uniquement les adolescents et les jeunes adultes ; ils peuvent aussi survenir plus tard dans la vie. Des chercheurs américains ont publié cette année une étude qui permet de se faire une meilleure idée des troubles alimentaires avant et après la ménopause.
Les résultats de l’enquête de santé COVID-19 réalisée par Sciensano en 2021 indiquent que 11 % de la population belge âgée de plus de 18 ans présentent des signes de troubles alimentaires. L’analyse de la ventilation par sexe révèle en outre que les femmes montrent plus souvent des signes de troubles alimentaires (13 %).
Si 18 % des personnes âgées de 18 à 29 ans présentent des symptômes d’un trouble alimentaire, ce pourcentage diminue progressivement pour s’établir à 8 % dans le groupe des 50-64 ans – chez les hommes comme chez les femmes. Passé ce cap, il n’est plus que de 5 %.
Des troubles alimentaires lors de la péri-ménopause ?
Que savons-nous actuellement des troubles des conduites alimentaires vers l’âge de la ménopause ? Les femmes en pré-ménopause (la période de transition qui précède la ménopause) et post-ménopause sont-elles sujettes à des troubles spécifiques du comportement alimentaire ? Pour le savoir, des chercheurs américains ont soumis un questionnaire sur les symptômes de troubles alimentaires à 136 femmes participant à la Perimenopausal Estrogen Replacement Study (PERT)
Nous avons regroupé les réponses aux 23 items du questionnaire autour de quatre symptômes centraux : restriction alimentaire (suivi de règles diététiques), inquiétudes à l’égard de l’alimentation (comme la crainte d’une perte de contrôle), leur corps (insatisfaction à l’égard de la silhouette) et leur poids (le souhait de perdre du poids par exemple).
Les réponses ont été soumises à une analyse de réseau. Cette analyse statistique a permis aux auteurs de l’étude d’explorer les liens entre les symptômes d’un trouble de la conduite alimentaire et d’identifier les symptômes les plus centraux.
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A chaque phase de la vie des symptômes spécifiques
Que nous dit l’analyse de réseau ? La peur de prendre du poids et la crainte d’une perte de contrôle pendant le repas sont les deux symptômes centraux des troubles de la conduite alimentaire chez les femmes en péri-ménopause. C’est la première fois qu’une étude sur les troubles alimentaires chez les femmes d’âge mûr les considère comme des symptômes centraux.
- Les symptômes centraux des troubles alimentaires pendant l’adolescence (entre autres la recherche d’une sensation d’estomac vide ou de perte de poids, l’hyperphagie et l’auto-dépréciation par rapport à sa propre silhouette) n’ont en effet pas été mis en évidence au sein de la population étudiée. Les symptômes centraux développés par les jeunes adultes (surveillance du poids, hyperphagie et binge eating) sont également absents.
Même si la mauvaise image corporelle est un symptôme commun à tous les troubles du comportement alimentaire, cette insatisfaction est associée à des symptômes centraux qui varient en fonction de la phase génitale de la femme.
Selon les auteurs de l’étude, les changements au niveau de la sécrétion des hormones sexuelles constituent un facteur de risque d’apparition (ou d’aggravation) de troubles du comportement alimentaire. Ainsi, le ratio œstrogène/progestérone influence la perception de l’image corporelle par la femme. L’explication avancée par les chercheurs est la même que pour la dépression post-partum : une réponse neuronale inadaptée aux changements hormonaux. Les zones du circuit de la récompense sont également impliquées dans ce processus.
Étant donné que les femmes ménopausées semblent présenter des symptômes centraux de TCA différents de ceux des adolescentes et des jeunes adultes, par exemple, les professionnels de la santé pourraient peut-être recommander des mesures préventives appropriées.
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