Par rapport aux denrées alimentaires, les compléments alimentaires à base de plantes et autres préparations à base de plante ont une plus grande latitude pour revendiquer des effets sur la santé. Pourquoi ? On fait le point avec Catherine Malingreau, Conseillère scientifique et réglementaire chez Wagralim.
Expectorant, améliore l’humeur, réduit la fatigue ou, au contraire, favorise l’endormissement… Les allégations de santé utilisées par les produits à base de plantes (compléments alimentaires ou aliments/boissons) vont bien au-delà de la liste des allégations qui ont été approuvées par l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) et qui sont le catalogue des allégations de santé autorisées. Catherine Malingreau nous aide à décrypter la situation.
Contrairement aux allégations de santé concernant les nutriments, celles relatives aux plantes n’ont pas encore fait l’objet d’une évaluation complète par l’EFSA. Elles sont donc dites « on hold », soit « en attente » de cette évaluation complète. Cela concerne plus de 2000 allégations, qui ont été soumises à l’EFSA en 2010. Tant qu’elles ont ce statut provisoire, elles peuvent être utilisées pour les aliments et les compléments, sous certaines conditions.
Allégations sous conditions
Il y a donc encore beaucoup de travail pour arriver au terme d’une évaluation complète. Pour favoriser l’avancée de ce dossier, les fédérations des compléments alimentaires ont proposé de procéder par gradient, et de commencer par accepter les allégations attribuées aux plantes qui font l’objet d’un usage traditionnel reconnu. Mais cela ne dispense pas les opérateurs utilisant des allégations « en attente » d’être en mesure de les justifier. Cela passe par la constitution de dossiers bibliographiques, avec les données de tradition, qui peuvent être complétées par des données cliniques.
Exemples d’usage traditionnel :
- Curcuma : produit issu d’une plante médicinale traditionnellement utilisée pour augmenter le flux biliaire afin de soulager les symptômes de l’indigestion (tels que la sensation de plénitude, les flatulences et la digestion lente).
- Thym : produit issu d’une plante médicinale traditionnellement utilisée comme expectorant en cas de toux associée à un refroidissement.
Notification et contrôles
Pour les compléments alimentaires à base de plantes, ceux-ci doivent obligatoirement faire l’objet d’une notification auprès du Service Publique Fédéral (SPF) Santé Publique. Le SPF vérifie différents paramètres (parties de la plante utilisées, type d’extrait, conditions d’utilisation, quantité…) pour voir si les allégations sont justifiées. Pour l’alimentaire c’est différent : il n’y a pas de dossier à soumettre au SPF Santé Publique, sauf si la denrée est enrichie en nutriment.
Exemple avec le gingembre ;
- un complément alimentaire à base de gingembre doit être soumis pour notification, le SPF santé publique examine les allégations attribuées au gingembre. L’AFSCA peut aussi effectuer un contrôle a posteriori, et demander la justification des allégations et un dossier scientifique prouvant le bienfondé de l’effet avancé.
- une boisson à base de gingembre ne doit pas être soumise pour notification. Contrairement au complément alimentaire, le SPF Santé Publique n’examine donc pas les allégations éventuelles attribuées au gingembre. Mais comme pour le complément, l’AFSCA peut effectuer un contrôle a posteriori.
- une boisson à base de gingembre enrichie en vitamines doit être soumise pour notification, le SPF examinant alors tant l’enrichissement que les allégations attribuées à l’extrait de gingembre.
Contraintes supplémentaires pour les compléments
Bien que les principes actifs d’un complément à base de plante puissent être les mêmes que des végétaux comestibles dont ils sont issus, le SPF impose aux compléments une série de contraintes supplémentaires. Ainsi, pour un complément alimentaire avec de l’extrait de safran (du Crocus sativus), l’étiquetage doit comporter un avertissement « Ne pas utiliser en cas de grossesse » et « Consultez votre médecin ou votre pharmacien en cas d’usage concomitant de traitement contre la dépression »., alors que rien de tel n’est exigé pour l’épice que l’on utilise dans sa cuisine. Il en va de même pour les extraits de brocolis, à la différence de l’aliment ou d’une soupe de brocoli : Le complément alimentaire doit avertir les personnes présentant une hypothyroïdie ou sous traitement de la thyroïde de consulter leur médecin (en raison de l’effet goitrigène des isothiocyanates retrouvés dans la famille des choux. Malgré ces contraintes, les plantes, que ce soit dans les compléments ou des denrées alimentaires, offrent un large espace pour communiquer des effets santé. Tant qu’elles ont ce statut « on hold »…