Une étude révèle un rôle essentiel du sucre: le sucre active des neurones spécifiques de la mémoire épisodique et favorise la plasticité neuronale nécessaire pour former finalement le souvenir du repas. Une mémoire du repas précédent qui, en conditionnant le repas suivant, permet le contrôle des habitudes alimentaires.
Présentée dans la revue Hippocampus, cette étude révèle ainsi ce rôle peu connu du sucre, mais aussi toute l’implication de la mémoire épisodique dans la régulation alimentaire. Consommer des aliments sucrés active certains neurones de l’hippocampe dorsal, une zone du essentielle à la mémoire épisodique, la mémoire des événements autobiographiques vécus à un moment et en un lieu particuliers.
Un marqueur de la plasticité synaptique
L’étude menée sur la souris montre qu’une solution sucrée à base de saccharose ou de saccharine (édulcorant) augmente de manière significative l’expression d’une protéine, Arc (pour activity-regulated cytoskeleton-associated protein) cytosquelette, un marqueur de la plasticité synaptique, dans les neurones de l’hippocampe dorsal. La plasticité synaptique étant nécessaire à la formation de souvenirs.
La mémoire épisodique participe au contrôle du comportement alimentaire
L’auteur principal de l’étude, Marise Parent, professeur à l’Université de Géorgie explique que nous prenons la décision de manger ou de ne pas manger en fonction de notre mémoire «alimentaire», c’est-à-dire des souvenirs de ce que nous avons mangé et quand.
Cette hypothèse est confirmée par de précédentes études qui montrent que:
- L’inactivation temporaire de neurones de l’hippocampe dorsal après un repas de saccharose accélère la prise et augmente l’apport alimentaire du repas suivant.
- Perturber l’encodage du souvenir d’un repas, comme en regardant la télévision par exemple, augmente l’apport alimentaire du repas suivant.
- Les personnes atteintes d’amnésie mangeront à nouveau en cas d’exposition à la nourriture, même si elles viennent de manger, car elles sont privées de cette mémoire du repas.
Former des souvenirs de repas est important pour de bonnes habitudes alimentaires. Le sucre (saccharose) augmente l’expression d’un marqueur de la plasticité dans des neurones spécifiques de l’hippocampe, favorisant la formation du souvenir du repas.
Ainsi, cette étude est la première à suggérer que la stimulation liée à la consommation de sucre et «éventuellement la valeur hédonique de cette douce stimulation» participe à la mémoire des repas.
Yoko O. Henderson et al., Hippocampus, First published online 5/11/2015.