De nouvelles données montrent comment le surpoids favorise la surconsommation alimentaire: elle entraîne des modifications de la réponse neuronale aux goûts alimentaires appétissants.
C’est bien connu, la simple vue de nourriture appétissante suffit à faire saliver. Plus précisément, à déclencher des signaux orexigènes. Et c’est d’autant plus le cas qu’il s’agit de denrées hautement palatables, riches en graisses et/ou en sucres, de densité énergétique élevée. Des denrées justement impliquées dans la malbouffe qui concourent au développement de l’excès de poids.
Mais ce n’est pas tout: au fur et à mesure que se développe l’excès de poids, le corps subit des modifications qui l’amènent à être plus réceptif aux signaux orexigènes déclenchés par la vue de nourriture hautement palatable. C’est ce que montre cette expérience.
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Le surpoids modifie la réactivité de plusieurs régions du cerveau
Des chercheurs de l’Oregon Research Institute à Eugene, aux États-Unis, ont examiné la réponse neuronale d’adolescents à l’ingestion de différents milk-shakes qui variaient pour leur teneur en sucres et en graisses, ainsi qu’à la présentation d’images d’aliments de palatabilité élevée. Ils ont mené ces expériences auprès d’un groupe de 36 adolescents qui ont développé un surpoids au cours de 2-3 dernières années, ainsi qu’auprès de 31 adolescents qui ont maintenu un poids sain.
Les résultats indiquent que comparativement à un milk-shake sucré pauvre en graisses, un milk-shake gras et peu sucré entraine des réponses différentes chez les adolescents qui ont pris du poids: ils présentent une diminution de l’activation dans le gyrus post-central, le cortex préfrontal, l’insula et le cortex cingulaire antérieur, ainsi qu’une augmentation de l’activation dans le lobe pariétal, le cortex cingulaire postérieur et le gyrus frontal inférieur.
Ceux qui ont pris du poids ont également montré une diminution plus importante de l’activation dans l’insula antérieure et le cortex orbitofrontal en réponse à un milk-shake riche en graisses et en sucres, comparativement à un milk-shake pauvre en graisses et en sucres.
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L’envie de manger, une question de sensibilité au goût
L’expérience menée avec les images de nourriture appétissante révèle aussi des différences selon l’évolution du statut pondéral des adolescents. Ainsi, ceux qui ont pris du poids ont montré une diminution plus importante de l’activation dans le gyrus temporal moyen et une augmentation de l’activation du cuneus.
En d’autres termes, cette étude montre que le gain de poids survenu chez ces adolescents est associé à une diminution de la réactivité de régions cérébrales associées au goût et à la récompense lorsqu’ils sont exposés à des denrées riches en graisses, et riches en graisses et sucres. Et qu’à l’inverse, le fait de ne pas développer d’excès de poids augmente la sensibilité gustative, ce qui pourrait contribuer éviter le développement d’un excès de poids plus tard…
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