Une nouvelle étude montre que l’effet de l’exposition au froid entraine des améliorations métaboliques qui sont, en partie, médiées par le microbiote intestinal.
On savait que l’exposition au froid, comme l’activité physique, favorise le phénomène de brunissement du tissu adipeux, c’est-à-dire de la transformation du tissu adipeux blanc, qui ne consomme pas d’énergie, en tissu adipeux beige qui, à l’instar du tissu adipeux brun, consume la graisse pour produire de la chaleur. Avec, à la clé, des effets métaboliques favorables à la santé, comparables à ceux observés avec une réduction de la masse grasse.
Mais on ne savait pas que l’exposition au froid entraînait des modifications du microbiote intestinal, comme le montrent ces nouvelles données.
6°C pendant 10 jours
Mirko Trajkovski de l’Université de Genève et son équipe ont d’abord observé que l’exposition des animaux au froid (6°C pendant 10 jours) provoquait des modifications importantes de la composition du microbiote intestinal, tout en prévenant le gain de poids.
Ensuite, ils ont observé que la transplantation des microbes intestinaux d’animaux exposés au froid à des souris axéniques (sans microbiote) améliorait la sensibilité à l’insuline, la tolérance aux températures froides et une perte de poids attribuée au brunissement du tissu gras.
Face au froid, l’intestin se développe!
Leur expérience montre encore qu’après 3 semaines d’exposition au froid, le poids se stabilise. Les auteurs suggèrent que cela pourrait tenir à une augmentation de l’absorption intestinale de nutriments pour faire face à cette dépense énergétique accrue. C’est d’autant plus plausible qu’ils ont observé qu’à long terme, l’exposition au froid entraînait une augmentation de la taille de l’intestin et de la surface offerte à l’absorption.
Mais ne nous réjouissons pas trop tôt! Pour Patrice Cani (UCL), qui mène de nombreux travaux sur le microbiote intestinal, les effets bénéfiques observés lors de l’exposition au froid pourraient n’être que temporaires.
Autrement dit, on pourrait s’attendre à ce que le froid, comme un régime hypocalorique, aide à perdre du poids de façon temporaire, mais que les phénomènes d’adaptation pourraient favoriser une reprise de poids accélérée, une fois les conditions de confort thermique (ou d’apports caloriques) retrouvées….
Chevalier C. et al., Cell, (2015).