L’abandon progressif du régime méditerranéen dans le sud de l’Europe est une réalité. Mais le plus inquiétant est le clivage social qu’il génère. Seuls les adeptes avec des revenus et un niveau d’éducation élevés bénéficieraient de ses atouts pour la santé. Voici pourquoi.
Tout fout le camp pour le régime méditerranéen! Le transfert des traditions ancestrales se perd peu à peu, de génération en génération. L’obésité explose dans les pays du sud de l’Europe, en particulier chez les plus jeunes, avec l’avènement d’autres modèles alimentaires. On observe désormais une triste réalité: les classes sociales les plus élevées bénéficient encore de son apport nutritif reconnu, les plus pauvres, non.
Le régime méditerranéen baisse le risque cardiovasculaire…
Les auteurs de l’étude, conduite auprès d’une cohorte de 18.000 Italiens, ont collecté des données sur l’activité physique, le BMI, les antécédents de maladies cardiovasculaires et de cancer, ainsi que sur le niveau de revenus et d’éducation. L’apport alimentaire était évalué au travers du Mediterranean Diet Score (MDS), qui analyse la compliance au régime méditerranéen et ses aliments-clés (céréales, légumes, fruits, légumineuses, huile d’olive et poisson).
Au cours des 5 années de suivi, 256 événements cardiovasculaires ont été enregistrés. Premier constat: le régime méditerranéen est bien associé à une diminution du risque cardiovasculaire. Une augmentation de 2 points du MDS est donc associée à une réduction du risque de 15%. Cependant, ces résultats ne sont pas uniformes selon les couches de la population.
…si les aliments sont de bonne qualité
Cette association n’est significative que chez les sujets avec un niveau d’éducation élevé et/ou des niveaux de revenus élevés. Dans les classes sociales défavorisées ou moins éduquées, la protection disparaît, même si l’adhérence au régime méditerranéen est bonne.
Cette découverte a surpris les auteurs. Ils se sont intéressés aux aliments consommés par des sous-groupes d’individus de statuts socio-économiques différents, mais partageant un score MDS équivalent.
Les résultats montrent chez les individus les plus riches et éduqués:
- des apports significativement plus élevés en antioxydants, acides gras insaturés et micronutriments,
- une capacité antioxydante plus importante,
- une plus grande diversité alimentaire,
- des modes de cuisson plus sains,
- une plus grande consommation de poisson, de légumes bio et de céréales complètes.
Les différences se mesurent sur la quantité et la qualité des aliments typiques du régime méditerranéen. Ces résultats sont moins surprenants qu’ils n’y paraissent, mais sont aussi le constat de l’érosion d’un mode alimentaire de référence et des inégalités sociales creusées par les crises économiques au fil des dernières années…
Découvrez ici tous nos articles sur le régime méditerranéen.