Dépression et obésité ont été précédemment associées, mais cette étude montre que les adolescentes qui souffrent d’un des deux troubles vont accroître leur risque pour l’autre trouble, plus tard dans la vie.
Les études portant sur l’association entre dépression et obésité étant parfois contradictoires, l’auteur et son équipe de l’Université de Rutgers-Camden au New Jersey ont voulu clarifier ce lien. Ils ont suivi 1.500 adolescents, de 11 à 24 ans, en tenant compte de la récidive ou la persistance de la dépression et de l’obésité, plutôt qu’en se concentrant seulement sur l’apparition à un âge donné, de chacun de ces troubles.
Les jeunes participants ont ainsi été évalués aux âges de 11, 14, 17, 20 et 24 ans, avec prise en compte du poids, de l’IMC et évaluation des symptômes éventuels de dépression. L’analyse fait plusieurs constats:
- La dépression en début d’adolescence prédit l’apparition de l’obésité (OR:3,76), à la fin de l’adolescence chez les femmes.
- L’obésité en fin d’adolescence prédit l’apparition de la dépression (OR:5,89), au cours de l’âge adulte chez les femmes.
- Aucune association significative entre les deux troubles à travers le temps n’est identifiée chez les adolescents.
Comment expliquer cette association?
Si l’étude ne s’est pas directement intéressée aux raisons de ces associations, les auteurs suggèrent que la dépression peut conduire à l’obésité par l’augmentation de l’appétit, des troubles du sommeil et de la somnolence, tandis que l’obésité peut favoriser la dépression en raison de la stigmatisation du poids, d’une mauvaise estime de soi et d’une sédentarité renforcée.
L’adolescence est la période de mise en place des mécanismes d’adaptation, expliquent les auteurs, un épisode dépressif à 14 ans peut figer ensuite les mauvaises habitudes. C’est aussi, en cas d’obésité, une période d’hypersensibilité aux stigmatisations.
La pratique d’une activité physique, une prévention de base
Les efforts de prévention de l’obésité et de la dépression devraient englober simultanément les deux troubles, afin de réduire le risque de comorbidité. Quand une adolescente est prise en charge pour la dépression, les professionnels de santé pourraient également rappeler l’importance d’une alimentation saine et de la pratique d’une activité physique. L’exercice peut contribuer à traiter la dépression, c’est peut-être le premier effort de prévention conjuguée de la dépression et de l’obésité.