Nouvelle façon très simple pour distinguer les aliments sains des malsains pour les uns, système de classement flou et arbitraire pour les autres, le débat du « pour » ou « contre » l’utilisation du concept d’aliments ultra-transformés pour guider les choix alimentaires fait rage.
Pour les uns, les aliments ultra-transformés (AUT) tels que décrits dans la classification Nova, groupe 4, sont de plus en plus décriés, et la réduction de leur consommation devrait être prônée dans toutes les recommandations alimentaires officielles. Pour les autres, cette classification n’est pas suffisamment basée sur des preuves pour avoir un tel rôle…
Le « père » de la classification Nova, Carlos A Monteiro, et le spécialiste de l’obésité, Arne Astrup, ont exposé leurs arguments dans un « pour » ou « contre », publié dans le American Journal of Clinical Nutrition.
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Pour les aliments ultra-transformés dans les recommandations
Du côté des « pour », l’entrée des AUT dans les recommandations alimentaires nationales et internationales s’explique par les résultats de plusieurs revues systématiques et méta-analyses qui rapportent, de façon convergente, une association entre les AUT et une faible qualité nutritionnelle de l’alimentation avec une augmentation du risque de morbidité et de mortalité de différentes maladies chroniques.
Les AUT agiraient par le biais de mécanismes physiologiques et comportementaux connus, plausibles ou suggérés. Il est probable que différentes combinaisons d’attributs et de mécanismes soient impliquées dans les effets des AUT sur la santé. Bien que le « pour » reconnaisse qu’il faille des recherches supplémentaires pour identifier les mécanismes, il estime que les preuves existantes sont suffisantes pour recommander d’éviter les aliments ultra-transformés afin d’optimiser la santé et les politiques en faveur de cette mesure.
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Contre les aliments ultra-transformés dans les recommandations
Du côté du « contre », les AUT dans la classification Nova restent mal définis en fonction de la transformation subie et de la présence d’additifs qui appartiennent à un groupe hétérogène du point de vue chimique. En conséquence, les AUT font facilement l’objet d’une mauvaise classification.
On prétend que les AUT favorisent la surconsommation énergétique et l’obésité en raison de leur palatabilité élevée, mais peu de preuves soutiennent ces effets, au-delà des effets qui peuvent être attribués à leur composition nutritionnelle, leur densité énergétique et leur matrice alimentaire. Les résultats sur l’apport énergétique d’une étude très souvent citée, qui a comparé une alimentation ultra-transformée à une alimentation pas/peu transformée, peuvent être entièrement expliqués par des facteurs alimentaires plus conventionnels, notamment la densité énergétique, les fibres intrinsèques, la charge glycémique et les sucres ajoutés. Et de conclure que la classification Nova n’apporte pas grand-chose aux systèmes existants de profilage nutritionnel ; elle caractérise plusieurs aliments sains et denses en nutriments comme étant malsains ; et elle est contre-productive pour résoudre les principaux défis de la production alimentaire mondiale.
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Source:
Monteiro C A, Astrup A. Am J Clin Nutr. Dec 2022