L’amylase salivaire est codée par un gène présent de manière répétée chez l’espèce humaine et pouvant varier de 1 à 20 copies en fonction des individus. Une diminution du nombre de copies de ce gène favoriserait l’obésité, selon des travaux menés par des scientifiques français et britanniques et publiés dans Nature Genetics.
Les deux équipes ont étudié des fratries suédoises discordantes pour l’obésité, analysant leur génome et les gènes du tissu adipeux différemment exprimés entre obèses et sujets de poids normal. Ils ont mis en évidence une région du chromosome 1, unique en son genre car elle contient un gène, l’amylase salivaire (AMY1) qui est présent dans une forme unique à l’espèce humaine. Au lieu d’avoir seulement 2 copies de ce gène (un du père, un de la mère) le nombre de copies d’AMY1 varie de 1 à 20 copies.
Depuis 10.000 ans, le nombre de copies d’AMY1 a augmenté dans l’espèce humaine, témoignant de la sélection naturelle et de l’évolution humaine. L’amylase servant à digérer les glucides complexes, les hauts sécréteurs d’amylase salivaire sont dotés d’un avantage nutritionnel sélectif.
Les chercheurs ont remarqué que les personnes ayant le plus petit nombre de copies d’AMY1 (et ainsi peu d’enzyme amylase dans leur sang) ont un risque d’obésité multiplié par 10. Chaque copie d’AMY1 en moins augmente de 20% le risque d’obésité. A elle seule, cette région du génome expliquerait près de 10% du risque génétique d’obésité.
Deux hypothèses sont envisagées pour expliquer ce phénomène: d’une part la mastication des aliments et leur digestion partielle dans la bouche pourrait avoir un effet hormonal entraînant la satiété, qui serait diminuée en cas de déficience en AMY1.
D’autre part, la mauvaise digestion des amidons pourrait modifier la flore intestinale et ainsi contribuer indirectement à l’obésité, voire au diabète, comme le suggèrent les premières études réalisées chez des personnes à haute ou basse amylase salivaire. Ainsi, les personnes à basse amylase salivaire ont une glycémie anormalement élevée, quand on leur fait manger de l’amidon.
Falchi M. et al., Nature Genetics, 30/03/2014.