La consommation d’aliments ultra-transformés par la maman a-t-elle un impact sur le risque de développement de l’obésité chez l’enfant ? C’est une piste, à en croire les résultats de cette étude basée sur 3 grandes cohortes et publiée dans le BMJ.
Les aliments ultra-transformés (AUT) désignent des produits industriels, souvent gras, sucrés et/ou salés, avec des additifs et d’autres ingrédients que l’on ne trouve pas dans une cuisine, sont encore une fois pointés du doigt. Ils appartiennent à la catégorie 4 de la classification NOVA qui se base sur le degré de transformation des aliments, et comprend 4 groupes. La classification NOVA est de plus en plus utilisée en épidémiologie nutritionnelle pour étudier les AUT, même s’il faut reconnaître que les critères de classification ne sont pas toujours très clairs.
Cette fois, les chercheurs se sont intéressés à la consommation d’AUT pendant la période périnatale et au risque pour l’enfant de développer un excès de poids ou une obésité.
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Plus 26 % de risque avec les aliments ultra-transformés
Pour ce faire, 3 cohortes aux États-Unis (la Nurses’Health Study II et les Growing Up Today Study I et II) ont été passées au crible. Les données concernent ainsi 14 553 mères et leurs 19 958 enfants. Les enfants étaient âgés de 7 à 17 ans à l’enrôlement, et le suivi moyen était de 4 ans, jusqu’à l’âge de 18 ans ou de la survenue d’un excès de poids/d’une obésité.
Pour mieux cerner le rôle des AUT consommés pendant la période périnatale, les auteurs ont pris soin, dans leur analyse, de corriger pour divers facteurs confondants (notamment le temps de sédentarité, la consommation d’AUT et l’activité physique chez les enfants).
Les résultats, publiés dans la revue BMJ, indiquent que les enfants dont la maman consomme le plus d’AUT (12,1 portions par jour) présentent un risque de développer un excès de poids ou une obésité qui est 26 % plus élevé, par rapport aux enfants dont la maman consomme le moins d’AUT (3,4 portions par semaine).
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AUT et qualité nutritionnelle
Certains travaux chez l’animal ont déjà rapporté une association entre la consommation d’AUT pendant la grossesse et la progéniture. Dans ce cas-ci, bien qu’il y ait une légèrement augmentation du risque d’excès de poids/d’obésité associée à la consommation d’AUT pendant la seule période de la grossesse, celle-ci n’atteint pas statistiquement le stade de signification.
Quoi qu’il en soit, si certains appellent déjà à ce que les AUT fassent l’objet d’une mise en garde dans les recommandations (ce qui existe déjà de façon plus ou moins discrète dans les recommandations alimentaires de plusieurs pays), d’autres soulignent qu’il est difficile d’établir un lien de cause à effet, et que les mécanismes impliqués – au-delà du fait que lorsque la part des AUT augmente, la qualité nutritionnelle de l’alimentation tend à diminuer – ne sont absolument pas documentés.
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Source:
Wang Y et al. BMJ 2022 ; 379 doi: https://doi.org/10.1136/bmj-2022-071767