Contrairement à ce qu’ont pu suggérer de nombreux travaux, une étude humaine indique que le resvératrol, le polyphénol phare du vin rouge, n’aurait pas d’effet «cardioprotecteur».
Le French Paradox désigne le fait que, malgré une alimentation relativement riche en graisses, acides gras saturés et cholestérol, les Français affichent une mortalité cardiovasculaire relativement basse, par rapport à d’autres pays. L’alimentation est vite apparue comme un facteur susceptible d’expliquer ce constat. Plus précisément, certaines icônes de l’alimentation «à la française», comme le vin rouge, le fromage et même le foie gras, ont été avancées comme des aliments «cardio-protecteurs».
Vin rouge en capsules
Le resvératrol fait l’objet d’une littérature scientifique impressionnante, qui reflète probablement à la fois un intérêt pour la recherche, que pour le secteur du vin. Plusieurs études ont ainsi rapporté des résultats prometteurs sur différentes fonctions métaboliques, nourrissant ainsi l’espoir d’attribuer à ce composé, et au breuvage qui le renferme, un rôle «cardioprotecteur » majeur.
À tel point que l’on trouve même des polyphénols de vin rouge, dont les resvératrols, dans l’offre des suppléments. Mais une nouvelle étude fait nettement retomber les espoirs…
Pistes prometteuses, mais…
Le Dr Samuel Klein, du Centre pour la nutrition humaine de l’Université de Washington, qui a réalisé cette nouvelle étude avec ses collèges, reconnait l’existence de plusieurs travaux sur le resvératrol qui relatent une aptitude à améliorer la sensibilité à l’insuline, réduire le risque de maladies cardiovasculaires et même augmenter la longévité. Cependant, peu d’études portent chez l’humain, et encore moins chez celui qui ne présente pas l’une ou l’autre perturbation métabolique (surpoids, dyslipidémies,…).
Or, c’est précisément sur des personnes saines que Klein et son équipe ont voulu examiner les effets du resvératrol, pour préciser son potentiel préventif. 8 litres de vin L’étude porte sur 29 femmes ménopausées exemptes de diabète et considérées comme saines. La moitié a pris un supplément de resvératrol pendant 12 semaines, l’autre moitié un placebo. La dose quotidienne de resvératrol correspondait à celle de…
8 litres de vin!
Les chercheurs n’ont décelé aucune amélioration métabolique, que ce soit pour les lipides sanguins, la sensibilité à l’insuline, la composition corporelle, le métabolisme de base ou les marqueurs de l’inflammation. Et si le resvératrol était comme le bêta-carotène? Un antioxydant plein de promesses, mais qui n’a jamais pu révéler ses vertus thérapeutiques que lorsqu’il était isolé de l’aliment et ingéré à haute doses.
Référence: Yoshino J. et al., Cell Metabolism, 25/10/2012; 16(5): 658-664.
FIA 17 – Décembre 2012