Les Tsimane constitueraient un groupe modèle. Population autochtone de l’Amazonie bolivienne, ils ne présentent pratiquement aucune maladie cardiovasculaire. L’incidence du diabète de type 2 est aussi minime. Les réponses se trouveraient dans leur alimentation et leur activité physique.
Les Tsimane intriguent les anthropologues. Ils présentent peu d’hypertension, une faible prévalence de l’obésité et leurs taux de cholestérol sont relativement sains. Et ces facteurs ne semblent pas changer avec l’âge. L’incidence du diabète de type 2 est également très faible. Ce qui amène des scientifiques de l’Université de Santa Barbara à se pencher sur le rôle de l’alimentation. Dans leur étude systématique, ils ont comparé l’alimentation des Tsimane à celle des Moseten. Cette population voisine a une langue et une ascendance similaires, mais ses habitudes alimentaires et son mode de vie sont davantage influencés par des facteurs extérieurs.
L’alimentation des Tsimane: beaucoup de glucides complexes et de protéines
Le régime alimentaire riche en calories (2 433 à 2 738 kcal/jour) des Tsimane est caractérisé par un apport élevé en glucides et en protéines et un apport réduit en lipides (respectivement 64, 21 et 15% du régime). De plus, les Tsimane ne mangent pas une grande variété d’aliments par rapport au régime américain ou Moseten moyen. Près des deux tiers de leurs calories proviennent des glucides complexes, en particulier de plantains et de riz, 16% proviennent de plus de 40 espèces de poissons et 6% de gibier sauvage. Seulement 8% des aliments consommés proviennent des marchés avoisinants. Malgré la faible diversité alimentaire, les carences nutritionnelles sont rares: les carences en calcium et en vitamines D, E et K étaient exceptionnelles. Les apports en potassium, magnésium et sélénium, souvent liés à la santé cardiovasculaire, dépassaient de loin les niveaux américains. La consommation de fibres alimentaires était aussi presque le double de celle des Américains moyens et des Moseten.
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La conclusion pour les auteurs: un régime riche en glucides complexes et en énergie est associé à un faible risque de maladie cardiovasculaire, du moins s’il est associé à un mode de vie physiquement actif (les adultes Tsimane font en moyenne 17 000 pas par jour, contre 5 100 pour les Américains). Mais ce mode de vie tend tout doucement à disparaître, car les Tsimane sont de moins en moins isolés. Leur alimentation change et la protection cardiovasculaire dont ils bénéficient pourrait rapidement disparaître. Le régime Moseten a moins de calories totales et moins de glucides que le régime Tsimane, mais les Moseten mangent une plus large gamme d’aliments, comprenant plus de fruits, de légumes, de produits laitiers et de légumineuses, ainsi que des sodas, du pain, de la viande séchée et des produits transformés. Les chercheurs suggèrent que le régime Moseten pourrait fournir un aperçu du régime Tsimane du futur.
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