Des scientifiques ont étudié le rôle des bactéries ou microbiome local du tissu mammaire, sur le risque de développement du cancer du sein. Leurs travaux identifient des bactéries bénéfiques qui protègent le sein du cancer.
Une femme sur 8 recevra un diagnostic de cancer du sein au cours de sa vie… Il y a les facteurs génétiques bien sûr, cependant l’environnement peut également favoriser le développement de la maladie: l’obésité est un facteur ainsi déjà bien documenté.
Les chercheurs de la Western University de London au Canada et de l’University College Cork en Irlande décryptent pour la première fois le rôle du microbiote mammaire, apportant de nouvelles données sur le rôle du microbiome humain sur la santé et ses spécificités associées à la maladie.
A partir de l’analyse par séquençage ADN de tissus du sein de 58 femmes ayant subi une mastectomie et de 23 femmes en bonne santé ayant subi une réduction mammaire, les chercheurs montrent:
- que certaines bactéries favorisent le développement du cancer du sein et sont présentes à des niveaux plus élevés dans les seins des patientes atteintes,
- que d’autres bactéries, bénéfiques et protectrices contre le cancer, sont plus abondantes dans les seins en bonne santé.
Les «mauvaises» et «bonnes» bactéries
En pratique, l’étude montre que les femmes atteintes d’un cancer du sein ont des niveaux élevés d’Escherichia coli et de Staphylococcus epidermidis, des bactéries connues pour induire des cassures de double brin d’ADN. Un type de dommages à l’ADN, expliquent les chercheurs, causé par des agents génotoxiques, les espèces réactives de l’oxygène et les rayonnements ionisants.
Le mécanisme de réparation de ces cassures double brin comporte un taux élevé d’erreurs, qui vont finalement conduire au développement d’un cancer.
A l’inverse, Lactobacillus et Streptococcus, considérés comme des bactéries bénéfiques, sont retrouvés à des niveaux plus élevés dans les seins en bonne santé. Ces 2 espèces présentent des propriétés anticancéreuses. Streptococcus thermophilus, par exemple, produit des antioxydants qui neutralisent les espèces réactives de l’oxygène, responsables de dommages à l’ADN.
Des probiotiques pour protéger les femmes?
S’il est démontré que le lait maternel contient des bactéries bénéfiques et que l’allaitement maternel peut donc jouer un rôle dans la réduction du risque de cancer, comment renforcer cette protection bactérienne chez les femmes qui n’ont jamais allaité?
L’idée serait donc de pouvoir améliorer la flore bactérienne des seins: de précédentes études ont montré que des probiotiques les lactobacilles peuvent – chez la femme – atteindre la glande mammaire et jouer ce rôle bénéfique.
La question de lutter contre le risque de cancer par l’abondance des bactéries bénéfiques et la réduction des bactéries nuisibles, par le biais des probiotiques, est donc posée: c’est une toute nouvelle option pour améliorer la gestion du cancer du sein.
Reste néanmoins à vérifier les effets liés aux interactions possibles avec le système immunitaire de l’hôte…