Des chercheurs français ont réussi à générer des bactéries dotées d’un potentiel anti-inflammatoire local. Un effet assuré par une protéine humaine, l’élafine, introduite artificiellement dans des bactéries lactiques.
L’incidence des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin ou MICI est en augmentation dans les pays industrialisés. La flore intestinale ou microbiote semble jouer un rôle, encore mal connu, dans l’apparition de l’inflammation. La recherche d’un traitement efficace est au cœur des investigations, alors que les MICI restent un sujet tabou en raison de la nature des symptômes associés (diarrhées fréquentes, fissure anale, etc.).
Des chercheurs de l’INSERM de Toulouse se sont intéressés à une protéine humaine, connue pour ses propriétés anti-inflammatoires: l’élafine. Alors que celle-ci est présente naturellement dans l’intestin pour le protéger des agressions, elle disparaît chez les patients souffrant de MICI. D’où l’idée de tenter de délivrer cette protéine dans l’intestin, en utilisant comme véhicule des bactéries lactiques (Lactococcus lactis et Lactobacillus casei), modifiées pour produire l’élafine.
Et ça marche! Dans différents modèles murins d’inflammation intestinale chronique ou aiguë, le traitement oral par ces super bactéries a exercé un effet protecteur sur l’intestin et diminué les symptômes inflammatoires. L’élafine protège aussi des lignées cellulaires intestinales humaines en culture, des agressions inflammatoires similaires à celles observées dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Elle restaurerait l’équilibre et les fonctions de la muqueuse intestinale, en diminuant l’inflammation et en accélérant la guérison des cellules.
Voilà une nouvelle voie qui pourrait conférer aux probiotiques du futur, un potentiel thérapeutique face aux maladies inflammatoires de l’intestin.
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Motta J.P. et al., Sci Transl Med, 2012, 4(158): 158ra144.