L’activité physique a un impact sur la santé mentale, notamment sur l’humeur et la dépression. C’est ce qui ressort de diverses études convergentes. Mais l’exercice pourrait-il également prévenir, voire contribuer à traiter les maladies dégénératives?
Les bénéfices de l’activité sur le physique sont bien connus, ceux sur la santé mentale sont de découverte assez récente. L’activité présente clairement un effet sur l’humeur globale de ceux qui la pratiquent. Après 30 minutes d’exercices intenses, l’effet apaisant de l’exercice se double d’une sensation euphorisante, notamment du fait de la production d’endorphines. Au cours d’exercices d’intensité moyenne, le mécanisme de synthèse de la sérotonine et de la dopamine se met également en marche, modulant l’humeur du sportif.
L’activité physique semble aussi atténuer les effets du stress. Il apparait en effet qu’une grande promenade à vélo, après une journée stressante, aura un impact sur le mental. C’est ce qui ressort d’une série de méta-analyses sur les effets de l’activité physique dans le cadre du stress.
La dépression K.O.
L’exercice semble également diminuer le risque de dépression clinique. Une étude comparant les personnes actives aux non-actives montre en effet que le taux de dépression est plus faible chez les personnes actives. Mais il ne s’agit pas seulement d’être actif, puisque la quantité est également corrélée au risque de dépression.
Au cours d’une observation de 23 à 27 ans, on a pu constater que les hommes engagés dans une activité physique de haute intensité présentaient un risque de dépression diminué de 28%. Il s’agit de sportifs dont l’activité correspond au moins à 2.500 kcal par semaine, ce qui équivaut à une activité d’une certaine intensité, 3 fois par semaine. Les hommes qui ne dépensent que 1.000 à 2.499 kcal par semaine voient le risque de dépression diminuer de 17% seulement.
Il y a donc un réel effet “dose-réponse”de l’activité physique. Qu’elle soit cardiovasculaire ou musculaire, son intensité s’avère primordiale.
Une connexion ‘body & mind’
Il ressort d’une étude réalisée par le physiologiste spécialisé en neurobiologie Paul Taylor, que les mouvements en trois dimensions, issus du programme “Effective movement training” (EMT), ont beaucoup plus d’effets sur la vigilance et la concentration, que de simple exercices comme la course à pieds. On constate en effet une amélioration de la concentration grâce à l’exercice physique, ne fût-ce que par une meilleure irrigation du cerveau et une production de noradrénaline et d’adrénaline. L’humeur est aussi améliorée. Les résultats sont remarqués avec des exercices de danse tels que la zumba, par exemple, qui font bouger le corps dans l’espace de façon diversifiée.
L’intensité et la variabilité d’exercices qui travaillent sur l’ensemble du corps se mouvant dans les trois dimensions a un effet bénéfique sur la santé mentale, et est plus efficace sur les performances cognitives. “La connexion ‘body & mind’s’en voit améliorée”, explique Jean Sadouni, Master Trainer.
Le risque de dépression est plus faible chez les personnes actives.
La course à pieds ou les exercices de fitness ne sont pas vraiment des exemples de mobilisation du corps dans sa totalité. Le cerveau économise de l’énergie lors d’exercices répétitifs, dont il reconnait les mouvements par routine et automatisme. Il se met en état de veille, se «déconnecte». Cela reste bien sûr une activité physique dont on peut tirer des bénéfices, mais ils seront moins grands et auront moins d’impact sur le mental. Les “sports cérébraux” tels que les échecs, les sodokus ou autres mots croisés ne s’avèrent pas non plus suffisants pour exercer le cerveau des 50 ans et plus.
Du sport cérébral en 3D
Le sport a une implication au niveau cognitif et semble contribuer à réduire le risque de maladies d’Alzheimer et autres démences, ainsi que de maladie de Parkinson. Les peptides de croissance des neurones (FGF pour fibroblast growth factor et VEGF, vascular endothelial growth factor) augmentent la capillarité du cerveau, du fait de sa meilleure irrigation suite à l’exercice physique. Cela implique une meilleure circulation du facteur IGF, permettant la croissance et le développement des neurones, qui se voient détruits dans le cadre de l’Alzheimer et de la démence.
Les connexions synaptiques du cerveau sont favorisées par la variabilité et l’intensité des activités physiques en 3D. Le cerveau activé crée de nouvelles connexions, et la plasticité neuronale s’en voit améliorée. Résultat: une plus grande vitesse d’action, une mémoire plus performante, mais aussi un effet cardiovasculaire, musculaire, de maintien et d’équilibre. L’activité physique intense présente donc un intérêt dans le cadre de maladies dégénératives. Un effet curatif n’a pas encore été clairement démontré, mais on peut admettre des effets positifs sur la cognition, voire un ralentissement de leur progression.
Thérapie sportive
De plus en plus de littérature soutient que l’activité physique pourrait avoir les mêmes effets sur la santé mentale qu’une psychothérapie. Jean Sadouni parle même de la “vertu thérapeutique” de l’activité physique. Les effets des exercices en 3D seraient du même ordre qu’un traitement thérapeutique. Il est d’ailleurs prouvé que le pourcentage de guérison d’une dépression est le même avec des médicaments ou de l’exercice, mais que le degré de rechute est inférieur dans le cas de l’activité physique.
Il est donc primordial de pratiquer une activité physique régulière et d’une certaine intensité pour améliorer ses fonctions physiques et cérébrales, et ce, à tout âge. “Bouger, c’est l’essence de la vie!”, précise Jean Sadouni.
Références: Camacho T.C. et al., AM. J. Epidemyol., 1991; 134: 220-31. Paffenbarger R.S. et al., Acta Psychiatrica scandinavia, 1994; 89: 16-22. Farmer M.E. et al., AM. Epidemiol., 1998, 128: 1340-51. Craft L.L. et al., Journal of Sport & Exercise Psychology, 20: 339–57.
FIA 17 – Décembre 2012