Le degré d’adhésion aux principes de l’alimentation méditerranéenne est associé à de meilleurs scores de santé mentale chez la personne âgée. Un des mécanismes sous-jacents pourrait bien avoir été découvert… et il passe par le microbiote intestinal.
Les maladies neurodégénératives sont en constante augmentation au sein de la population âgée. Il y a donc un véritable besoin de développer des stratégies de prévention et une détection précoce de ces maladies. L’alimentation méditerranéenne s’est déjà distinguée dans bien des domaines de la santé, dont ceux de la santé mentale, du vieillissement cérébral et de l’évolution des fonctions cognitives associée avec l’âge. C’est ce qui explique qu’elle reste une, si pas LA référence comme modèle d’une alimentation saine et préventive. Et même s’il ne faut pas être en mesure de connaître tous les mécanismes impliqués pour l’appliquer, la science n’a de cesse de repousser les limites de la connaissance. Les bienfaits de l’alimentation méditerranéenne sur la santé cognitive pourraient en partie être expliqués par les polyphénols, et plus précisément leurs métabolites microbiens.
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Santé mentale, polyphénols et microbiote intestinal
La richesse en polyphénols de l’alimentation a déjà été avancée comme un facteur pouvant conférer une certaine protection au cerveau, que ce soit par leur propriétés antioxydantes ou d’autres mécanismes, dont la vasodilatation dépendante de l’endothélium. Toutefois, tant pour les études cliniques que celles d’observation, ces recherches n’ont pas pris en compte le fait que les polyphénols ingérés sont largement métabolisés avant de rejoindre la circulation sanguine. Les polyphénols sont en effet peu absorbés au niveau de l’estomac et de l’intestin grêle. La plupart de ces modifications métaboliques surviennent donc dans le côlon, où elles sont catalysées par le microbiote intestinal. D’où l’intérêt de cette étude qui s’est penchée sur les métabolites phénoliques microbiens (MPM) et dont les résultats sont publiés dans la revue Molecular Nutrition Food Research. Les auteurs soulignent que la relation entre composés phénoliques et microbiote intestinal est bidirectionnelle, dans la mesure où les polyphénols qui vont être métabolisés par le microbiote ont aussi un effet prébiotique – ils agissent donc sur la composition du microbiote.
Le degré d’adhésion à l’alimentation méditerranéenne est déterminant
Dans cette recherche conduite auprès de 400 participants de la cohorte PREDIMED-Plus, une étude d‘intervention évalue es effets d’une alimentation méditerranéenne hypocalorique supplémentée en huile d’olive vierge-extra et en fruits à coque, couplée à un programme d’activité physique. Les chercheurs ont identifié et mesuré les MPM dans les urines, ont évalué la fonction cognitive à l’aide d’une batterie de tests neuropsychologiques, et ont également mesuré le degré d’adhésion à l’alimentation méditerranéenne. Ils ont ainsi constaté que 2 MPN, l’acide protocatéchique et l’entérolactone-glucuronide, étaient associés au degré d’adhésion à l’alimentation méditerranéenne. Et que ces deux MPN, mais aussi l’acide vanillique-glucuronide, l’acide 3-hydroxybenzoïque et l’entérodiol-glucuronide étaient directement associés à un meilleur score de tous les tests cognitifs. En outre, l’acide protocatéchique et l’entérolactone-glucuronide sont associés à de meilleurs résultats au Mini-Mental State Examination, tandis que l’entérodiol-glucuronide est associé à de meilleurs résultats à l’un des tests de la démence (le Clock Drawing Test).
En bref, les métabolites microbiens des polyphénols retrouvés dans une alimentation méditerranéenne apparaissent comme des candidats légitimes pour contribuer à expliquer les bienfaits de ce régime séculaire sur la santé mentale.
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