On la présente souvent comme l’art de préparer, conserver et présenter les médicaments, mais c’est aussi et surtout une science qui influence le devenir des principes actifs dans l’organisme, en détermine la biodisponibilité et en assure l’efficacité.
Capsules, gélules, comprimés, collyre ou sirop, nombreuses sont les formes sous lesquelles se présentent aujourd’hui les médicaments et les compléments alimentaires. Mais le choix d’une forme galénique ne relève pas du hasard, il repose sur la prise en compte de multiples éléments allant de la stabilité d’un principe actif, à la durée de son effet en passant par les conditions optimales de sa libération et des critères de confort et de marketing de plus en plus chers aux patients (goût, facilité de prise, couleur, etc.).
Pour mieux cerner l’importance de cette fameuse galénique, étudions quelques exemples plus précis.
Les missions premières de la galénique:
- Permettre d’associer plusieurs principes actifs
- Influencer la pharmacocinétique
- Masquer l’amertume d’un principe actif
- Jouer un rôle de protection et de conservation d’un principe actif fragile
- Rendre un principe actif administrable à faible dose
- Faciliter la prise d’un médicament
- Garantir l’efficacité d’un médicament
Une galénique optimale au service de l’efficacité
Aujourd’hui, si l’efficacité de l’huile de menthe poivrée est suffisamment documentée dans la prise en charge des symptômes du SII (soulagement des spasmes douloureux, diminution des ballonnements, etc.), la forme galénique sous laquelle elle est administrée reste toutefois déterminante pour minimiser les risques d’irritation locale des voies digestives supérieures (pyrosis, reflux, nausées, etc.) et assurer une libération adéquate au niveau de l’intestin.
Les études cliniques sont d’ailleurs conduites avec de l’huile conditionnée dans des capsules gastro-résistantes (capsules de gélatine enduites d’un enrobage entérique), qui la protègent de l’acidité gastrique et lui assurent une libération dans l’intestin, là où elle doit agir. Administrées 3 fois par jour, 30 minutes à 1 heure avant les repas, ces capsules doivent être avalées entières sans être ouvertes ni mâchées. Elles peuvent, bien entendu, être préparées en magistrale à l’officine, mais existent également sous forme d’un complément alimentaire appelé Tempocol® – 60 capsules entériques contenant 0,2 ml ou ≈ 200 mg d’huile de menthe poivrée.
Mécanismes d’action de la menthe:
- agit comme un antagoniste des canaux calciques2 (réduit la contraction des muscles lisses),
- exerce un effet antispasmodique sur les muscles lisses du tractus gastro-intestinal (soulage la douleur),
- agit via un canal ionique nommé TRPM8 -Transient Receptor Potential ion channel Melastatin subtype 8 – et réduit les douleurs transmises par les fibres sensitives3.
Autres effets de la menthe:
- stimule la sécrétion de bile,
- réduit le tonus du sphincter œsophagien,
- facilite l’éructation,
- diminue les ballonnements et les flatulences (effet carminatif).
Comparaison de diverses approches
Une étude récente publiée dans le British Medical Journal4 a comparé l’efficacité de suppléments de fibres solubles (ispaghul ou psyllium), d’antispasmodiques (hyoscine et otilonium per os) et d’huile de menthe poivrée (per os) dans le traitement du SII par rapport au placebo ou l’absence de traitement.
Si les résultats montrent une efficacité pour les trois approches, notons néanmoins que le NNT (number needed to treat), c’est-à-dire le nombre de patients devant être traités pour éviter les symptômes persistants chez un patient supplémentaire par rapport au placebo, est de 2.5 pour l’huile de menthe poivrée contre 5 pour les antispasmodiques et 6 pour les suppléments de fibres.
Une question de formule avant tout!
Comme le montrent toutes les grandes études cliniques menées à ce jour, le calcium et la vitamine D représentent la base du traitement de l’ostéoporose. Mais si la prise journalière globale de calcium doit idéalement avoisiner les 1,2 à 1,5 g et celle de la vitamine D 800 UI, encore faut-il s’assurer de la biodisponibilité optimale du calcium proposé dans les suppléments. De nombreuses formulations du sel de calcium sont aujourd’hui disponibles sur le marché (carbonate, citrate, malate, lactate, gluconate, etc.).
Cependant, comme le montrent quantité d’études, elles n’offrent pas toutes les mêmes taux d’absorption de calcium au niveau de l’intestin et ne peuvent donc pas être considérées comme étant équivalentes. La capacité d’absorption des sels de calcium au niveau de l’intestin repose avant tout sur la solubilité et l’ionisation de ces sels. Or, ces propriétés peuvent fortement varier d’un sel à l’autre (l’absorption du citrate de calcium étant, par exemple, supérieure à celle du gluconate ou du carbonate) et peuvent s’avérer déterminantes pour optimiser la compliance au traitement (meilleure tolérance digestive d’une formule à une autre, par exemple).
Il y a sel et sel
Car en réalité, ce n’est pas le sel de calcium qui est absorbé au niveau de l’intestin, mais le calcium élémentaire libre Ca2+, libéré en présence d’un milieu acide comme l’estomac qui renferme de l’acide chlorhydrique (HCl). Aussi, lorsqu’un patient est traité par des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) ou quand il présente une achlorhydrie ou une hypo-chlorhydrie (ce qui est fréquent notamment chez les personnes âgées), on voit que le sel de calcium, le carbonate calcique par exemple, n’est pas transformé et continue pratiquement son parcours tout au long du tractus gastro-intestinal sous sa forme initiale, avec pour conséquence de la constipation!
Alors qu’un autre sel comme le citrate de calcium, par exemple, qui est soluble dans l’eau et donc plus facilement ionisable, peut directement apporter à l’organisme du Ca2+, sans devoir tenir compte de l’influence du milieu acide de l’estomac. Ce qui assure une meilleure absorption au niveau de l’intestin et a fortiori une plus grande efficacité. Les formes buvables qui combinent le carbonate calcique à l’acide citrique, par exemple, et qui conduisent à la formation de citrate calcique, assurent une meilleure disponibilité du calcium élémentaire et une meilleure tolérance digestive que d’autres formulations ou préparations (comprimés, gélules), qui nécessitent une réaction en présence d’acide dans l’estomac pour libérer du Ca2+ (une réaction qui génère par ailleurs la production de gaz carbonique et d’éventuels inconforts digestifs, tels que des ballonnements).
La réaction de transformation du carbonate calcique en citrate calcique (grâce à l’acide citrique) peut en effet se faire dans un verre d’eau. Ce sont dès lors des formes solubles de calcium qui sont directement avalées par le patient (mono et di-citrate de calcium) et libèrent facilement des ions Ca2+ directement assimilables par l’intestin. Certains états physiologiques (croissance, grossesse et allaitement) stimulent l’absorption intestinale du calcium, tandis que d’autres comme la ménopause l’affaiblissent. Les formulations galéniques qui allient du carbonate calcique à l’acide citrique (excipients) et à la Vitamine D3, comme les granulés effervescents de D-vital® 500/440 et le D-vital® Forte 1000/800, par exemple, assurent donc une disponibilité optimale de Ca2+, par rapport aux comprimés ou aux gélules à avaler ou à mâcher qui requièrent une quantité suffisante d’acide pour pouvoir agir.
La vitamine D
La résorption du calcium élément dépend fortement des taux de vitamine D présents dans l’organisme. La vitamine D3 augmente, en effet, l’absorption intestinale du calcium et en favorise la fixation sur les os. Une fois absorbée dans l’intestin, la vitamine D3 est transportée dans le sang jusqu’au foie, où elle subit une première hydroxylation et jusqu’aux reins, où elle en subit une deuxième. La quantité non hydroxylée de vitamine D3 reste, quant à elle, en réserve dans les tissus adipeux et les muscles, et n’est éliminée par les fèces et les urines qu’au bout de quelques jours.
Influence de nombreux facteurs
La biodisponibilité du calcium et sa rétention au sein de l’organisme subissent l’influence de nombreux paramètres, tels que: le taux d’exposition au soleil et la production de vitamine D, les habitudes alimentaires, les facteurs hormonaux, l’âge, l’origine ethnique, le tabagisme, etc.
Quand la technologie sert la galénique
La galénique joue aussi souvent un rôle majeur dans la protection et la conservation des principes actifs fragiles. Mais aussi performante soit la formulation d’un produit ou d’un médicament, il est certain qu’elle peut toujours bénéficier des avancées technologiques en matière de conditionnement ou d’emballage, pour optimaliser sa stabilité et accroître ses garanties de qualité et d’efficacité. Pour preuve, la levure Saccharomyces boulardii (probiotique réputé, entre autres, pour son efficacité dans la prévention des diarrhées liées à la prise d’antibiotiques et le traitement des diarrhées d’origine alimentaire ou liées aux infections à Clostridium difficile) enregistrée comme médicament sous le nom d’Enterol®, se présente depuis peu dans un nouvel emballage hermétique plus performant.
Il s’agit d’un blister alu-alu uni-dose (une sorte de coque préformée fermée hermétiquement par un film d’aluminium amovible) qui permet:
- d’emballer chaque gélule séparément (meilleure hygiène),
- d’augmenter les qualités du produit (meilleure efficacité),
- d’optimaliser la protection de son contenu (pas de risque de dénaturation),
- d’augmenter les garanties de stabilité de son contenu (important car le médicament a une péremption à 3 ans),
- de préserver la gélule de tout risque d’écrasement (pas de risque de dégradation).
On voit dans ce cas précis que la performance technologique de l’emballage sert très clairement les intérêts de la formule galénique, en renforçant les garanties de protection, de stabilité et de conservation du principe actif.
De plus, cette avancée technologique profite aussi au patient puisque cette nouvelle présentation est pratique, plus hygiénique et facile à emporter!
Sources: 1. Liu J.-H. et al., Randomized Trial J Gastroenterol, 1997; 32: 765–8. 2. Hawthorn M. et al, Aliment. Pharmacol. Therap., 1988, 2, 101-118. 3. Harrington A. et al, PAIN, Volume 152, Issue 7, P. 1459-1468, July 2011. 4. Ford A. et al., BMJ, 2008; 337:a2313.