Nos sucreries préférées nous rendent-elles accros? C’est un débat houleux qui remue les médias. D’une part, on clame que l’addiction au sucre serait pire que l’addiction à l’alcool ou au tabac. D’autre part, on rétorque que le sucre ne serait pas plus addictif que les rillettes. Petit décodage.
«Oui, le sucre est une drogue»
Selon Michel Cymes, célèbre médecin et animateur français, cela ne fait aucun doute. Il explique que la consommation de sucre, de la même manière que l’alcool et le tabac, provoque la libération par le cerveau de dopamine, à l’origine de cette sensation de plaisir. Ce mécanisme entraîne une dépendance au sucre, qui consommé à l’extrême, cause entre autre obésité, diabète et maladies cardio-vasculaires. Les répercutions en terme de santé publique sont catastrophiques. Face à une telle situation, estime l’animateur, la seule solution qui s’impose est le sevrage.
«Non, le sucre n’est pas une drogue»
Ces propos sont ardemment contestés par le non moins célèbre psychiatre français, le Dr Gérard Apfeldorfer, pour qui cette déclaration ne repose sur aucun fondement scientifique. Le sucre ne provoque ni syndrome de sevrage lorsqu’il n’est plus consommé, ni phénomène de tolérance. Il ne répond dès lors pas aux critères d’une substance addictive. Contrairement à son confrère, il soutient que le plaisir diminue au fil de la consommation jusqu’à devenir déplaisant lorsqu’on arrive au rassasiement. D’après Gérard Apfeldorfer, un processus addictif peut bel et bien survenir, mais uniquement dans des situations de troubles du comportement alimentaire et il n’est pas spécifique aux sucres. On parle alors d’addiction comportementale, qui se développe en réaction à un mal-être. Le mangeur se retranche sur les produits sucrés pour éviter le déplaisir et non pas pour atteindre le plaisir. Ce mécanisme n’aide cependant pas à tolérer la souffrance, ce qui le pousse à répéter ce comportement de frénésie alimentaire. Selon le Dr Apfeldorfer, le remède préconisé par Michel Cymes est alors complètement imprudent car la privation risque de provoquer des restrictions cognitives. Il explique que le problème de l’addiction aux sucres est à prendre sous un angle psychothérapeutique, passant par la gestion des émotions négatives, le retour à une consommation alimentaire guidée par les sensations et la déculpabilisation.