La communication bidirectionnelle entre l’intestin et le cerveau ouvre de nouvelles pistes pour agir sur la santé mentale par le biais de l’environnement intestinal. Psychobiotiques et autres « biotiques », aliments fermentés… les candidats émergent.
Cela fait longtemps que l’on a pu constater des associations entre des troubles intestinaux et des composantes psychologiques, par exemple dans le Syndrome de l’Intestin Irritable (SII). Même l’humeur semble bel et bien dépendre en partie de ce qui se passe dans l’intestin. Mais ce n’est que récemment que l’on envisage sérieusement pouvoir agir sur la santé mentale par l’intermédiaire des modifications de l’environnement intestinal. L’heure est aux psychobiotiques, une nouvelle classe de probiotiques censés améliorer le fonctionnement cérébral et la psychologie. Bien que les études d’interventions soient encore limitées, cette piste semble prometteuse…
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Psychobiotiques et système nerveux
La santé mentale représente un défi grandissant dans nos sociétés, que ce soit en raison du vieillissement de la population, mais aussi d’un climat anxiogène qui affecte les jeunes, sans parler de l’épidémie de COVID… Comme l’expliquent des chercheurs de l’Université de Haryana, en Inde, les psychobiotiques pourraient s’avérer être d’une aide précieuse parce que la majorité de la population mondiale est déjà en souffrance psychologique en raison des changements de mode de vie, d’habitudes alimentaires et est en demande d’une solution immédiate (1). Ils expliquent que les psychobiotiques peuvent libérer des substances neuro-actives dans l’épithélium intestinal. Leurs effets atteignent le cerveau à la fois par le système nerveux entérique et le système nerveux central. La principale connexion entre l’intestin et le cerveau étant assurée par le nerf vague, le plus long nerf de l’organisme.
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Aliments fermentés
L’intestin produit également certains neurotransmetteurs que le cerveau produit et qui sont impliqués dans la régulation de l’humeur : sérotonine, dopamine et acide gamma-aminobutyrique. Outre les probiotiques, les prébiotiques ainsi que les aliments fermentés ont aussi un potentiel pour agir sur la santé mentale. D’ailleurs, les résultats préliminaires d’une recherche menée en Irlande sur près de 200 aliments fermentés rapportent que leur consommation est associée à des métabolites potentiellement favorables pour le cerveau (2).
Dans une récente revue sur le microbiote et les troubles mentaux, des chercheurs chinois relèvent que de nombreux composés de l’alimentation sont susceptibles d’exercer un effet protecteur contre les maladies mentales (3). Outre les « biotiques », ils épinglent les produits laitiers, les épices (dont la curcumine et la capsaïcine), les fruits, les légumes et certaines herbes médicinales. Les effets passeraient par une modulation de la composition du microbiote intestinal, notamment en favorisant les Firmicutes et les Bacteroidetes.
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