Pour la première fois, la présence de microplastiques et de nanoplastiques dans des plaques d’athérome a pu être associée à une augmentation du risque d’accident cardiovasculaire et de mortalité.
La quantité de plastique sur terre et dans les mers est de l’ordre de 8 milliards de tonnes, soit le double de la masse de tous les mammifères (dont l’Homme) et des poissons. Et sa production ne faiblit pas… En se dégradant, le plastique génère des particules, les microplastiques et le nanoplastique (MNP). Certaines de ces particules peuvent être inhalées, absorbées par la peau, et même franchir la barrière intestinale pour rejoindre la circulation sanguine, ce qui nous expose potentiellement à de nombreux effets néfastes.
Des MNP ont déjà été repérés, outre dans le sang, dans le placenta, le foie, les poumons, les urines, le lait maternel… Toutefois, leurs effets sur la santé sont pour l’heure encore peu documentés par des études humaines, mais ce n’est probablement qu’une question de temps…
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Des micro- et nanoplastiques dans les plaques d’athérome
Les études in vitro indiquent que certains MNP induisent une inflammation, un stress oxydatif et l’apoptose de cellules endothéliales. Des travaux chez l’animal ont déjà suggéré que les MNP pourraient nuire à la santé cardiovasculaire. Mais pour la première fois, une étude humaine soutient cette piste. Celle-ci porte sur 257 sujets avec une sténose asymptomatique de l’artère carotide qui ont subi une endartériectomie carotidienne. Les chercheurs ont analysé de près le contenu des plaques d’athérome ainsi prélevées, pour y détecter la présence de MNP.
Ils ont trouvé :
- du Polyéthylène dans les plaques de 58,4 % des patients, à raison de 21,7 mcg par mg de plaque
- du chlorure de polyvinyle chez 12,1 % des patients (5,2 mcg/mg de plaque)
Ils ont aussi découvert la présence de particules étrangères visibles, aux bords déchiquetés, parmi les macrophages de la plaque. Certaines de ces particules contenaient du chlore.
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Un risque multiplié par 4,5
Les patients ont été suivis pendant 34 mois en moyenne, au terme desquels les chercheurs ont recensé un composite d’infarctus du myocarde, d’accident vasculaire cérébral ou de décès toutes causes confondues.
Les auteurs ont pris soin d’ajuster les données pour l’âge, le sexe, le BMI, la créatine, le cholestérol LDL, HDL et total, les triglycérides, l’hypertension, le diabète et les antécédents d’évènement cardiovasculaire.
Les résultats indiquent que chez les patients dont les plaques d’athéromes contiennent des MNP, le risque d’évènement est 4,5 fois plus élevé que chez les patients dont les plaques d’athéromes sont exemptes de MNP.
C’est la première fois qu’une étude humaine établit une telle association. Les auteurs précisent néanmoins que cela ne prouve pas l’existence d’un lien de causalité, et qu’il pourrait y avoir d’autres facteurs d’exposition ou confondants susceptibles d’intervenir dans cette association entre MNP dans les plaques d’athéromes et la survenue des évènements enregistrés. Il faudra donc encore d’autres recherches pour clarifier ce point.