Cette vaste étude rapporte une association inverse entre l’apport en nitrates provenant des légumes et la survenue de démence. Contrairement à l’hypothèse de départ, l’effet sur la circulation sanguine n’est pas confirmé.
Les nitrates sont naturellement présents dans les végétaux, en particulier les légumes. Ils se retrouvent aussi dans l’eau de distribution, et sont utilisés en tant qu’additifs essentiellement dans les viandes transformées et autres charcuteries. Les nitrates inspirent habituellement la méfiance, en raison de leur aptitude a former des nitrites puis des nitrosamines cancérogènes. Mais les nitrates ont aussi une influence sur la synthèse du monoxyde d’azote (NO), un puissant déclencheur de la vasodilatation, qui diminue l’agrégation plaquettaire, ce qui au bout du compte favorise la circulation sanguine. Cet effet est recherché par certains sportifs qui puisent un apport complémentaire en nitrates dans le jus de betterave. Cet effet sur la circulation sanguine permet aussi de formuler l’hypothèse selon laquelle les démences, qui ont une origine cardio-vasculaire, pourraient être freinées dans le développement par l’apport en nitrates…
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Démence, nitrates des légumes et autres sources
C’est précisément l’hypothèse testée dans cette étude menée auprès de 9543 personnes issues de la Rotterdam Study, exemptes de démence et âgées en moyenne de 64 ans à l’inclusion. Le protocole prévoyait une évaluation distincte de l’apport en nitrates issus des légumes et celui d’autres sources. La consommation totale médiane de nitrates était de 85 mg par jour, dont 81 % provenaient des légumes. Les participants ont été suivis en moyenne pendant 14,5 ans. Les chercheurs ont également procédé à divers examens pour évaluer les modifications survenant dans le cerveau, notamment en termes de circulation sanguine.
Les résultats, publiés dans la revue American Journal of Clinical Nutrition, montrent qu’un apport élevé en nitrates (total) et en nitrates de légumes sont tous deux associés à un risque significativement plus faible de développer une forme de démence : moins 8 % par 50 mg de nitrates de légumes. Aucune association n’est observée pour les sources de nitrates autres que celles des légumes.
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Les mécanismes restent à élucider
On pourrait donc croire que l’hypothèse des chercheurs s’est vérifiée, sauf que… L’imagerie cérébrale ne permet pas d’attribuer cette association à des modifications vasculaires dans le cerveau. Autrement dit, la piste du monoxyde d’azote qui favoriserait la circulation sanguine cérébrale ne semble pas se vérifier…
Les auteurs expliquent qu’il faudra donc d’autres travaux pour mettre en lumière les mécanismes protecteurs. Et cela peut encore prendre du temps, car indépendamment des nitrates, on sait que la consommation de légumes est en soi un facteur protecteur à l’égard de nombreuses affections, sans que l’on en connaisse les véritables mécanismes sous-jacents. Mais que cela ne nous empêche pas de manger des légumes !
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