Le Conseil néerlandais de la santé a publié en février des orientations nutritionnelles pour les personnes atteintes de maladies cardiovasculaires athérosclérotiques. Pour cela, l’impact d’une série de facteurs (alimentation saine, consommation d’aliments fonctionnels et de compléments alimentaires, et perte de poids et maintien pondéral) sur les maladies cardiovasculaires athérosclérotiques a été examiné. Etonnamment, ces orientations suivent les recommandations néerlandaises de 2015 pour une alimentation saine et variée, avec quelques points d’attention spécifiques à ces maladies.
L’essentiel
- Du poisson 2x par semaine, gras ou maigre, peu importe
- Aucune distinction entre produits laitiers écrémés, demi-écrémés et entiers
- Aucun avis sur l’huile de poisson et la levure de riz rouge
- Perte pondérale > 5 % en cas de surpoids et d’obésité
Une alimentation saine qui met le poisson à l’honneur
Les orientations nutritionnelles (néerlandaises) de 2015 « Alimentation saine » ont servi de base à la rédaction de ce nouvel avis. Une attention particulière a été spécifiquement accordée aux produits laitiers, au poisson, aux matières grasses (huiles et graisses), au café, à la viande, à l’alcool et au sel de table.
Le Conseil néerlandais de la santé a conclu que les recommandations pour la prévention des maladies chroniques au sein de la population en bonne santé valent en grande partie aussi pour les personnes atteintes de maladies cardiovasculaires athérosclérotiques. Points prioritaires de l’avis :
- 1 à 2 portions de poisson par semaine.
- Remplacer le café non filtré par du café filtré.
- Remplacer les matières grasses à tartiner et à cuisiner solides par leurs alternatives non-solides ou des huiles végétales.
- Éviter l’alcool ou limiter la consommation à 1 verre/jour maximum.
- Limiter la consommation de « sel de table » (chlorure de sodium) à 6 g/jour maximum
- Consommer plusieurs portions de produits laitiers par jour.
- Limiter la consommation de viande rouge et de viande transformée.
S’agissant de la consommation de sel, de produits laitiers et de viande chez les personnes atteintes de maladies cardiovasculaires, l’avis suit les orientations pour une alimentation saine, vu l’absence de nouvelles données scientifiques sur l’effet de ces aliments pour ce groupe de population.
En ce qui concerne le poisson, les recommandations ont été légèrement modifiées. Sur la base des études réalisées, le Conseil néerlandais de la santé conclut que la consommation de 1 à 2 portions de poisson par semaine peut être bénéfique pour la santé de ce groupe, alors que les orientations « Alimentation saine » ne préconisaient qu’une seule portion. Pour rappel, en Belgique, 1 à 2 portions de poisson sont recommandées pour la population générale, en alternant poisson gras et poisson maigre. Ces nouvelles orientations nutritionnelles néerlandaises ne font en revanche aucune distinction, faute d’études suffisantes sur les effets de la consommation de poisson gras et maigre chez les personnes atteintes de maladies cardiovasculaires.
En bref
| Aliment | Orientations MCV 2023 – Pays-Bas* | Recommandations nutritionnelles 2019 – Belgique |
| Céréales complètes | Au moins 90 g | Au moins 125 g |
| Légumes | Au moins 200 g | Au moins 300 g |
| Fruits | Au moins 200 g | 250 g |
| Poisson | 1 à 2 portions/semaine, sans distinction entre poisson gras et maigre | 1-2 portions/semaine en variant poisson gras et poisson maigre |
| Légumineuses | 1x/semaine | 1x/semaine |
| Produits laitiers | Quelques portions/jour dont du lait ou du yaourt | 250-500 ml |
| Boissons sucrées | Le moins possible | Le moins possible |
*Orientations nutritionnelles néerlandaises pour les personnes atteintes de malades cardiovasculaires athérosclérotiques, 2023
Qu’en est-il des stérols végétaux, de la monacoline K et de l’huile de poisson ?
Selon les nouvelles orientations nutritionnelles néerlandaises, les produits contenant des stérols et/ou des stanols végétaux peuvent réduire le taux de cholestérol LDL, non seulement chez les personnes atteintes de maladies cardiovasculaires athérosclérotiques, d’une manière générale, mais aussi chez les patients sous statines. Il n’existe toutefois pas encore assez de preuves quant à l’efficacité des stérols et/ou stanols végétaux en cas d’utilisation d’autres médicaments hypocholestérolémiants.
Ces orientations ne se prononcent pas sur la monacoline K provenant de la levure de riz rouge. L’on manque en effet encore d’études bien documentées pour dégager des conclusions sur les effets de la monacoline K en cas de maladies cardiovasculaires.
De même, le Conseil néerlandais de la santé n’a formulé aucune recommandation concernant l’huile de poisson, faute de recherches concluantes à ce sujet. Les bienfaits à attendre d’une « petite » dose d’acides gras de poissons – l’équivalent d’une à trois portions de poisson – seraient insuffisants selon le rapport. Les données portant sur des doses plus élevées d’acides gras ne sont pas suffisamment consistantes.
Des études supplémentaires sur l’effet de l’alimentation et de la prise de compléments alimentaires en cas de maladies cardiovasculaires, notamment en association avec la prise de médicaments sont nécessaires.
Le Conseil néerlandais de la santé souligne que ce récent rapport n’a pas pris en compte l’aspect de durabilité de l’alimentation. Pour terminer, il insiste sur l’importance d’une approche pluridisciplinaire. Outre les conseils nutritionnels, les patients atteints d’une maladie cardiovasculaire athérosclérotique doivent être encouragés à faire suffisamment d’exercice physique et pouvoir bénéficier d’un soutien au sevrage tabagique, le cas échéant.
