On peut retarder le vieillissement, mais on ne peut pas l’arrêter. Il s’agit donc d’aborder de manière adaptée l’activité physique chez les personnes de plus de 50 ans, de (re)trouver le goût de bouger…
Quand on parle d’activité physique pour les 50 ans et plus, il semble tout d’abord important de distinguer les personnes qui ont été physiquement actives, de celles qui ne l’ont pas été. On compte actuellement une nette proportion de sédentaires dans la population. Et s’ils n’ont pas été actifs de manière régulière, ils ne vont probablement pas être plus actifs à l’aube de leur cinquantième anniversaire…
Une sphère, quatre fonctions
Une personne qui n’a pas été active physiquement peut voir ses capacités fonctionnelles rétrécies, indépendamment de son âge chronologique. Selon Jean Sadouni, Master Trainer et ancien champion de judo, nous vivons dans un espace de fonction, une sphère dans laquelle nous sommes en mouvement en combinant quatre paramètres, qui sont la force, la souplesse, l’endurance et l’équilibre. N’importe quel geste répond à ces quatre paramètres, qu’il soit sportif ou qu’il soit quotidien (sortir de sa voiture, marcher, s’asseoir, ramasser quelque chose,…).
Avec le temps, certaines personnes voient leur sphère rétrécie, à mesure que les composantes de la capacité fonctionnelle totale s’amenuisent. C’est la taille de la sphère de fonction qui différencie une personne sédentaire d’une autre physiquement active. L’espace de fonctions peut être élargi en se lançant dans une activité personnalisée, qui mobilise l’entièreté du corps. La gymnastique, par exemple, mise sur des exercices globaux qui élargissent la sphère de fonctions, et non sur le renforcement musculaire.
Quelle activité préconiser?
La marche est une activité bénéfique pour tous, un geste naturel qui sollicite le système cardiovasculaire et qui peut être facilement arrêté à tout moment. La natation et le vélo sont de bonnes options, mais requièrent un peu plus d’endurance. Plusieurs autres activités sont aussi conseillées: le Tai Chi, le yoga, la danse ou les séances de gymnastique douce. Le principal consiste à ce que l’activité soit ludique et qu’elle génère du plaisir.
Quelque chose de spécial
À tout âge, il s’agit de tenir compte du profil sportif de chacun pour pratiquer un sport. Les plus de 50 ans constituent une population spécialisée, pour laquelle l’activité physique et son intensité doivent être personnalisées. Plutôt que de se faire mal avec une activité non appropriée, il vaut mieux privilégier un travail cardiovasculaire qui mobilise les grandes masses musculaires. C’est le cas, par exemple, de la marche active ou du vélo. Il existe aussi des programmes spécifiques aux seniors dans certains centres dotés de moniteurs professionnels, formés et spécialisés pour ce type de population*.
Un phénomène naturel…
Dans une société qui promotionne quelque peu le jeunisme, l’effet du vieillissement semble difficilement accepté. Or, il faut pouvoir se mettre devant le fait accompli: le vieillissement est un phénomène cellulaire naturel! Les 50 ans et plus devraient davantage prendre conscience de leur âge et de leur vieillissement: prévoir une forme de ralentissement de l’activité physique et surveiller leur niveau cardiovasculaire. Même si certaines personnes peuvent encore courir un marathon (ce qui constitue une exception), il s’agit généralement de diminuer le rythme, la brutalité et l’intensité des exercices au fil des années… et ce, même si cela reste difficile à accepter! Et il n’y a pas de généralité en la matière: une personne active régulièrement peut avoir un degré de vieillissement cellulaire élevé, et quelqu’un de plus sédentaire peut également constater un vieillissement prématuré.
L’important, c’est d’être attentif à son corps et cela passe aussi par une alimentation saine et équilibrée. Mais la nutrition semble être le parent pauvre de l’activité physique. Pourtant, à cette période de la vie, on perd de la masse musculaire au profit de la masse adipeuse. Une activité physique permet de lutter contre ce phénomène de sarcopénie. Il ne faut pas non plus oublier l’importance de l’hydratation, les seniors ayant tendance à boire moins, or leurs tissus doivent être hydratés. Le trio de choc consiste donc à combiner activité physique, alimentation équilibrée et hydratation.
On ne «doit» pas faire du sport
Pour les nombreuses personnes qui se remettent à l’activité physique, il s’agit d’aborder les choses différemment que par la prescription. On ne «doit» pas faire du sport. Informer la personne de ce que l’activité physique peut concrètement faire pour elle, semble la meilleure option. Le mieux, c’est que la décision de pratiquer une activité physique vienne d’elle davantage que du prescripteur. Il existe d’ailleurs des approches permettant de développer la motivation intrinsèque des patients, par un dialogue personnalisé. L’activité physique chez les 50 ans et plus permet de lutter, de façon simple, contre l’hypertension, le diabète de type 2, l’insulinorésistance, la dyslipidémie, le cancer et l’ostéoporose, et contribue à la prévention des chutes, pour ne citer que ces quelques avantages… Sans oublier qu’elle est également bénéfique pour rester en contact avec d’autres personnes et combattre la solitude, voire la dépression. C’est un aspect primordial, dont on parle pourtant peu.
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