Mangoustan, açaï, noni,… certains fruits exotiques ne se trouvent pas sur les étals des supermarchés, mais sont à la base de boissons aux mille et une vertus, présentés comme de véritables élixirs de jouvence. Le manque de science fait-il vivre la croyance?
Originaire de l’Asie du Sud-Est, le mangoustan (Garcinia Mangostana L) est un petit fruit de la taille d’une balle de golf. Appelé aussi «Reine des fruits» ou «Fruit des Dieux», il est commercialisé sous forme de jus en tant que complément alimentaire, et ses prétendus bienfaits sont nombreux. Sous couvert d’une utilisation ancestrale par la médecine dite traditionnelle, il contrôlerait la fièvre, soulagerait les muscles et les articulations, contrôlerait la douleur, serait efficace contre les infections, tonique et antifatigue…
Des xanthones pour jeter de la poudre aux yeux
Le «secret» du mangoustan résiderait dans la présence de xanthones, des molécules aux propriétés antioxydantes qui se trouvent essentiellement dans le péricarpe du fruit. Les xanthones sont des pigments jaunes de structure aromatique. Sur les 200 identifiés, on en dénombre pas moins d’une quarantaine dans le mangoustan.
Les xanthones du mangoustan permettraient à l’organisme «de retrouver ses capacités de réparations voire de régénération», tout en précisant que nous sommes tout de même programmés pour vivre au-delà de 150 ans. Un discours bien rôdé, une histoire bien ficelée, pour capter l’attention – et l’argent – d’un large public crédule, qu’il s’agisse du bien-portant en quête de longévité ou du malade en quête de guérison…
Science peu convaincante
Les bienfaits du mangoustan pour la santé sont, à en croire les adeptes, documentés par des centaines d’études. Si elles existent, ces études ne répondent pas aux critères de l’Evidence Based Medicine justifiant les allégations revendiquées. Une revue des données scientifiques censée justifier les allégations autour du mangoustan met clairement en avant les lacunes. Elle conclut que les arguments marketing surestiment la signification des découvertes et que les faiblesses méthodologiques des recherches avancées sont passées sous silence*. Aucune allégation de santé relative au mangoustan n’est actuellement reconnue par l’EFSA. Et, compte tenu des données publiées à ce jour, il y a peu de chances pour que cela change.
Fruits et superfruits
Le mangoustan et son jus peuvent probablement revendiquer une richesse en antioxydants. Mais en dépit des nombreux essais menés principalement in vitro et chez l’animal de laboratoire, les antioxydants en général, y compris ceux du mangoustan, ne sont pas actuellement en mesure de tenir des promesses santé très concrètes face aux enjeux majeurs de santé publique.
L’engouement pour les «superfruits» exotiques, commercialisés sous des formes onéreuses avec des promesses santé largement surestimées, ne doit pas occulter le fait que l’intégration de nombreux fruits et baies locaux, au quotidien, présente un avantage santé plus crédible que l’une ou l’autre de ces dites potions.
* Lobb A.L., Hawaii J Med Public Health, 2012 Feb; 71(2): 46-8.
FIA 20_Septembre 2013.