Les acides linoléiques conjugués sont largement commercialisés pour leur effet dégraissant prétendu. Si la preuve de cet intérêt fait défaut, les CLA sont des plus en plus pointés du doigt en raison de possibles effets délétères.
Les CLA ont beau appartenir aux acides gras trans, dont les effets délétères sont avérés, ils bénéficient d’un statut particulier, en raison de certains effets potentiellement intéressants qui leur sont attribués. Mais le vent semble tourner pour eux… Ingrédients de nombreuses formules prétendues amaigrissantes, les CLA ont déjà fait l’objet d’un avis négatif de l’EFSA en 2010 concernant des allégations de santé relatives au maintien du poids, à l’augmentation de la masse maigre et à l’augmentation de la sensibilité à l’insuline. Et voilà que les CLA refont l’actualité en raison des risques qu’ils pourraient représenter pour les consommateurs. C’est en tout cas ce qui ressort d’un avis publié récemment en France par l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail)1.
Il y a CLA et CLA
Les CLA sont naturellement présents dans l’alimentation (fraction grasse des produits laitiers, viande,…) mais peuvent aussi être produits lors de la transformation de graisses dans la fabrication de viennoiseries, biscuits,… ou encore synthétisés pour être incorporés dans des compléments alimentaires. L’ANSES évoque les effets délétères d’un isomère particulier : le 10t, 12c. Celui-ci ne représente que 4,5 % des CLA naturellement présents dans les aliments, mais 50% des mélanges synthétiques utilisés dans les compléments alimentaires. La prise d’une gélule de CLA (comprenant 1,7 g de chaque isomère) augmentent d’un facteur 10 le 9c, 11t, et d’un facteur de 200 pour le 10t,12c !
Dangers à la clé
L’avis relatif à l’évaluation des risques liés aux substances à but nutritionnel ou physiologique dans l’objectif de restreindre ou interdire leur emploi dans les denrées alimentaires – un titre pour le moins évocateur – de l’ANSES émet de sérieuses réserves pour l’enrichissement des aliments en CLA, étant donné l’absence de démonstration de la sécurité à long terme pour la population générale et l’effet délétère avéré de l’isomère 10t, 12,c. L’ANSES mentionne que les différents effets délétères ont été rapportés suite à la supplémentation en CLA : effet athérogène par diminution du cholestérol HCL, effet diabétogène par diminution de la sensibilité à l’insuline, effet sur les marqueurs de l’inflammation (induction de peroxydation lipidique et augmentation de la protéine C réactive), effet sur le stress oxydant par augmentation de la synthèse de ROS et, enfin, effets sur la fonction endothéliale par diminution de la production de monoxyde d’azote in vitro. Rien que ça !
Aussi dans le collimateur
À noter que le rapport épingle aussi l’enrichissement en acides aminés (tryptophane, glutamine, méthionine,…) en phyto-estrogènes, en certains glucides (glucuronolactone, glucosamine) et même en certaines fibres alimentaires…
ANSES 2011 – Saisine n°2007-SA-0314