Selon des scientifiques de l’Université d’Augusta, la teneur excessive en graisse d’un repas perturbe temporairement la physiologie des vaisseaux sanguins. La répétition de ces repas gras ferait du tort à la biologie vasculaire et donc à notre cœur.
L’expérience est originale et interpellante. Un milkshake riche en matières grasses (80 g, à base de lait entier, de crème fouettée et de crème glacée), et fournissant l’équivalent de 1000 kcal a été consommé comme repas par 5 jeunes hommes en bonne santé. Dans le groupe contrôle isocalorique, 5 jeunes hommes devait consommer un repas céréalier pauvre en graisse. Les chercheurs américains se sont ensuite intéressé spécifiquement aux globules rouges de chacun des volontaires. A l’état natif, les globules rouges sont incroyablement flexibles, de sorte qu’ils circulent dans les vaisseaux sanguins essentiellement inaperçus. Mais avec un seul repas riche en graisses, leur configuration change totalement, leur donnant une forme épineuse, une taille plus petite, une plus forte densité et des capacités à sécréter des substances nocives pour les artères.
La répétion du repas gras fait le poison
Ce changement est temporaire et dure environ 4 à 8 heures, soit le temps normal de la digestion. Cependant, il s’accompagne d’une relaxation plus faible des vaisseaux sanguins et d’une réponse immunitaire similaire à celle provoquée par une infection. Des changements qui ne sont pas observés dans le groupe contrôle. En temps ordinaire, selon les auteurs, l’organisme a la capacité de gérer ce phénomène. En revanche, la répétition de l’exposition à un excès de graisse aurait probablement un effet cumulatif qui pourrait aider à expliquer des cas isolés de décès et/ou de crise cardiaque juste après avoir mangé un repas très riche en graisses.
La myélopéroxydase en cause?
L’analyse sanguine révèle, à la fois dans le sang et au sein des globules rouges, la présence anormalement élevée de myélopéroxydase dans le groupe milkshake. Cette enzyme est exprimée notamment dans les macrophages et sa forte concentration a été associée à la rigidité des vaisseaux sanguins, au stress oxydatif (en particulier à l’égard du HDL). Sa présence importante pourrait aussi expliquer le changement de cytosquelette du globule rouge et affecter la façon dont le sang circule. Le plasma (plus épais) et les macrophages (proinflammatoires) sont également perturbés. Last but not least, en déstabilisant l’accumulation de plaque dans une artère malade, des niveaux élevés de myélopéroxydase dans le sang seraient enfin associés à un risque plus élevé d’accident vasculaire cérébral ou de crise cardiaque. Bien sûr, comme explicité plus haut, ces changements se résorbent rapidement. Mais on ignore tout aujourd’hui des implications à long terme et des études sont donc nécessaires pour vérifier ces résultats.