Le temps passé devant les écrans est apparu comme un des facteurs associés à l’obésité. Chez les jeunes, c’est le smartphone qui est devenu l’interface la plus prisée. Une étude menée sous la direction du professeur René Patesson (ULB) permet de mieux cerner le comportement des jeunes.
L’étude, menée sur 1.589 jeunes de 12 à 18 ans, révèle que 33,4% des participants sont non-dépendants à leur smartphone, 45,5% dans un état intermédiaire et 21,1% dépendants, dont 64,2% de filles. Les jeunes dépendants se différencient surtout des autres par les applications qu’ils utilisent. En effet, pour les applications passives (ex: Youtube, agenda, e-mails), ils n’utilisent pas plus leur smartphone que les autres. Cependant, l’utilisation des réseaux sociaux est nettement supérieure à une utilisation normale. Facebook est la première application ouverte de la journée pour 66,5% des adolescents.
Le smartphone c’est dangereux?
À court terme, l’utilisation abusive du smartphone ne semble pas très risquée. Bien sûr, on peut parler de ces personnes qui traversent la route sans regarder car elles sont trop absorbées par leur appareil, ou encore de douleurs dans le cou, les épaules, ou aux yeux, mais cette activité ne semble pas présenter de risque supplémentaire. Il semblerait même que les jeunes addicts consomment moins de cannabis que les autres! Mais cet appareil est loin de n’avoir que des qualités. Effectivement, beaucoup de jeunes le considèrent comme responsable, du moins en partie, de leurs mauvais résultats scolaires. Il est déjà arrivé à 75,2% d’entre eux de ne pas faire un travail scolaire car ils utilisaient leur appareil, et à 74,4% d’avoir des difficultés à se concentrer à l’école car ils l’utilisaient ou y pensaient.
Il leur arrive aussi d’utiliser leur smartphone quand ils sont avec d’autres personnes, même si celles-ci leur parlent, ce qui peut détériorer les relations. Ils se font aussi reprocher par leurs parents de l’utiliser à table, ou de trop s’en servir.
Pas de lien avec le surpoids
Quand les jeunes dépendants sont sur leur smartphone, c’est principalement pour aller sur les réseaux sociaux. Cette utilisation abusive de ces applications s’explique par un manque de confiance en soi. En effet, ces réseaux permettent un sentiment d’appartenance à un groupe, une certaine reconnaissance (via les «like»), une diminution du sentiment d’isolement…
S’en écarter, c’est se couper du monde, se priver d’informations sur ses amis, risquer de manquer des choses peut-être importantes. Ces applications répondent à un besoin de reliance, de contact. La dépendance ne serait donc pas liée au smartphone, mais bien au fait qu’il permette la satisfaction de besoins sociaux.
Notons que l’étude montre que la dépendance au smartphone n’est pas associée à une diminution des activités sportives, ni à une tendance plus élevée au surpoids ou à l’obésité.