Le bisphénol A, utilisé dans les emballages plastiques, est un perturbateur endocrinien avéré, connu pour ses effets obésogènes. Une nouvelle étude révèle aujourd’hui que l’exposition à des produits dérivés de substitution pourrait aussi augmenter les risques d’obésité infantile.
L’utilisation de bisphénol A (BPA) dans les emballages plastiques a suscité de vives réactions lorsqu’elle a été reconnue comme nocive pour la santé. Cette substance chimique de synthèse accroîtrait notamment les risques de maladies cardiaques, de cancer et de diabète. Des études ont également révélé qu’elle peut favoriser le développement des cellules graisseuses (adipocytes) et potentiellement influencer l’IMC.
L’ingestion de BPA a aujourd’hui diminué, depuis sa substitution par d’autres produits dérivés dont font partie deux substances à la structure similaire: le bisphénol S (BPS) et le bisphénol F (BPF). Mais comme le révèle cette nouvelle étude, ils ont eux aussi une influence sur l’IMC.
Près de 2 000 enfants examinés
Dans le cadre de cette étude, des chercheurs ont examiné des données issues de l’US National Health and Nutrition Examination Survey. Ce sondage a été mené entre 2013 et 2016 auprès de 1 831 enfants et adolescents (âgés de 6 à 19 ans). Les auteurs ont recherché une corrélation possible entre le BPA, le BPS et le BPF d’une part et l’IMC d’autre part via des échantillons d’urine et la chromatographie liquide à haute performance couplée à la spectronomie de masse. L’IMC a permis d’examiner quels enfants et adolescents étaient confrontés à un problème d’obésité (avec standardisation pour l’âge et le sexe). Par ailleurs, le ratio tour de taille/taille a reflété l’obésité abdominale.
Il ressort des résultats que 16,9% des personnes faisant partie du groupe d’étude souffrent d’obésité et 12,7% d’une forme sévère d’obésité. L’obésité abdominale était la forme la plus courante et a été constatée chez plus de 35% des enfants et des jeunes (36,2%).
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Risque accru d’obésité infantile en cas de concentrations élevées de BPS
En outre, la concentration de BPF dans l’urine semble plus élevée chez les adolescents que chez les plus jeunes enfants tandis qu’aucun lien spécifique n’a pu être établi entre les concentrations de BPA et BPS et l’âge ou le sexe.
Après analyse, seules les concentrations de BPS semblent significativement plus élevées auprès du groupe d’étude atteint d’obésité, d’obésité sévère et d’obésité abdominale. Toute augmentation d’une unité logarithmique de BPS augmente le risque de:
- obésité commune de 16%
- obésité sévère de 18%
- obésité abdominale de 13%
Les concentrations de BPF n’ont pas pu être associées à une quelconque forme d’obésité. Des concentrations plus élevées ont toutefois été associées de façon significative à un risque de surpoids.
Les résultats sont clairs: plus les taux de substances chimiques provenant des plastiques sont importants dans l’urine des enfants, plus l’IMC est élevé. C’est la conclusion de cette nouvelle étude qui confirme le lien et les premières observations entre les produits dérivés du bisphénol et l’obésité.
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