Une étude publiée dans PLoS ONE sur la consommation d’alcool durant la grossesse apporte un nouvel argument choc pour dissuader une fois pour toute, les femmes qui conçoivent un enfant. Et pour cause, le placenta, sa croissance et sa fonction seraient directement impactés, et pour toute la grossesse.
Il s’agit d’une consommation à des niveaux modérés (ou élevés) dans les premiers stades de la grossesse qui ralentirait la croissance cellulaire dans le placenta, l’organe normalement chargé de fournir tout ce dont l’enfant a besoin pour se développer jusqu’à la naissance.
Les chercheurs de l’Université de Manchester ont étudié l’effet de l’alcool et de l’acétaldéhyde issu de sa dégradation sur des placentas, aux premières semaines de la grossesse, une période critique pour le développement normal des organes du nourrisson.
Ils constatent une croissance cellulaire réduite avec des niveaux de consommation moyens et élevés sans que les cellules qui relient le placenta à la mère soient néanmoins affectées. L’alcool, à de faibles concentrations équivalentes à 1 à 2 verres, ne semble pas avoir d’effet sur la croissance ou la fonction du placenta.
L’alcool à des niveaux modérés à élevés – et pas l’acétaldéhyde – réduit le transport d’un acide aminé important, la taurine, de la mère à l’enfant à travers le placenta. Or, cet acide aminé est vital pour le cerveau et le développement physiologique. Cette réduction de taurine peut entraîner des effets négatifs sur le comportement et le développement physique et pourrait contribuer à expliquer les symptômes neurologiques observés chez les enfants de mères alcooliques.
Ces résultats montrent que des niveaux d’alcool qui peuvent sembler «raisonnables» (en population générale) peuvent entraîner, en tout début de grossesse, des effets néfastes sévères sur le placenta, c’est-à-dire pour toute la durée de la grossesse. Certains experts suggèrent même des effets liés à la consommation d’alcool juste avant la conception, car il peut aussi s’écouler quelques semaines avant la découverte de la grossesse.
Sylvia Lui et al., PLOS ONE, 04/02/2014.