Connu pour sa richesse en oméga-3, le poisson est également vecteur de mercure, toxique pour le fœtus. Poisson et grossesse: la question du risque/bénéfice lié à la consommation doit donc être suivie, ce que fait cette nouvelle étude menée dans 5 pays.
C’est une discussion qui revient souvent à propos du poisson: d’un côté cet aliment représente une source presque exclusive d’acides gras oméga-3 à longue chaîne (EPA et DHA), d’un autre côté, il est sujet à une contamination par le mercure. Et vu la dégradation de notre environnement, c’est un aspect qui mérite d’être tenu à l’œil.
Les oméga-3 à longue chaîne ont montré de nombreux effets bénéfiques, dont des propriétés anti-inflammatoires qui, à la lumière des connaissances actuelles, pourraient être précieuses face à bien des maladies chroniques ayant en commun une inflammation de bas grade.
Ce qui est notamment le cas des maladies cardiovasculaires. Cette étude, menée dans 5 pays (France, Grèce, Norvège, Espagne et Royaume-Uni) et financée par le 7ème programme-cadre européen et le National Institute for Health Sciences, a voulu voir si les bénéfices des oméga-3 n’étaient pas anéantis par la présence de mercure.
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Un score de syndrome métabolique moindre
Pour répondre à cette question, les chercheurs ont mené leurs investigations auprès de 805 femmes et leur progéniture. Il s’agit de personnes enrôlées dans l’étude HELIX, dédiée à l’étude de l’exposition aux facteurs environnementaux de la conception jusqu’à la fin de la vie, ce qu’on appelle «l’exposome». La consommation de poisson a été évaluée lors de la grossesse, tout comme l’exposition au mercure. Entre 6 et 12 ans après la naissance, leurs enfants ont fait l’objet d’un examen clinique approfondi de manière à calculer un score de syndrome métabolique.
Les résultats, publiés dans JAMA Network Open, sont plutôt rassurants: les enfants nés des mamans qui mangeaient de 1 à 3 portions de poisson par semaine présentent des scores de syndrome métabolique inférieurs à ceux des enfants dont les mamans en mangeaient moins.
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Poisson et grossesse: la consommation réduit les biomarqueurs de l’inflammation
L’étude n’est pas en mesure de dire si au-delà de trois portions de poisons par semaine, la toxicité du mercure prend le dessus sur les bénéfices observés pour la fréquence de 1 à 3 fois par semaine. Néanmoins chez une femme, une concentration sanguine élevée en mercure a été associée à une augmentation du score de syndrome métabolique chez son enfant.
Cette recherche montre en outre qu’une consommation modérée et élevée de poisson au cours de la grossesse est associée à des niveaux plus faibles de cytokines et d’adiponectines pro-inflammatoires. C’est la première fois qu’une étude humaine montre que la réduction de ces biomarqueurs de l’inflammation pourrait être le mécanisme sous-jacent expliquant que la consommation de poisson pendant la grossesse est associée à une amélioration de la santé métabolique chez l’enfant. Les recherches ultérieures porteront sur la distinction entre différents types de poissons.
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