Le nudging est une puissante technique de marketing qui consiste à inciter les personnes à changer de comportement en douceur. Quelque peu détournée, cette approche peut aussi jouer un rôle positif pour promouvoir la consommation d’aliments sains.
Rappelons avant tout que le terme «nudging» vient du verbe to nudge signifiant «attirer l’attention» ou encore «donner un petit coup de coude». Vous voyez le geste que l’on fait amicalement pour attirer l’attention de quelqu’un. C’est ça l’esprit du « nudging », avec en filigrane un sérieux petit coup de pouce.
Cette technique de marketing s’est particulièrement illustrée en invitant des employés à emprunter un escalier transformé en piano (et placé juste à côté d’un escalator) pour les faire bouger davantage.
Un petit coup de pouce… invisible et efficace
La technique n’est cependant pas réservée qu’aux produits de consommation. En privilégiant la méthode douce, le nudging ne force pas, n’interdit pas, ne sanctionne pas et ne récompense pas. Il vise à faire adopter les «bons» comportements (civiques, responsables, alimentaires, santé, tabac, etc.) en laissant l’individu entièrement libre de son choix. Le SPF Finances l’a d’ailleurs utilisé avec succès en 2016 pour inviter les mauvais payeurs à honorer leurs retards de paiement et ça a marché (+17% de recouvrements par rapport à l’année précédente). Plus récemment une équipe de chercheurs de l’UCL (Université Catholique de Louvain) a montré que le «nudging» pouvait aussi être bénéfique pour inciter les individus à consommer des aliments sains.
Le «nudging» à l’heure de la soupe
Dans leur étude, des chercheurs de l’Institut de recherche en sciences psychologiques de l’UCLouvain ont utilisé le nudging pour augmenter la consommation de légumes «prébiotiques», propice à la prévention et au traitement de l’obésité. Ils ont choisi le salsifis, un légume quelque peu oublié, riche en inuline et ami du microbiote intestinal. Leur étude a montré qu’en proposant à l’entrée d’un restaurant universitaire une dégustation de soupe de salsifis, il était possible d’influencer le choix des consommateurs. En temps normal, seuls 11% des consommateurs de soupe choisissent celle aux salsifis. Grace à ce nudging, cette proportion passe à 43%. Et plus intéressant encore, après cette action, 19% des consommateurs en prennent encore. Ce qui laisse à penser que l’effet peut s’inscrire dans le temps.
L’approche psychologique sur les consommateurs ouvre donc de jolies perspectives. Un dernier exemple amusant pour terminer: le chercheur Brian Wansink, a montré qu’en intercalant des chips rouges entre des chips normales dans un tube d’une marque bien connue, on peut en réduire la consommation de 50% par rapport à un tube contenant uniquement des chips normales.
Merci beaucoup pour cet article que je suis heureuse de lire. J’ai fait partie de cette équipe de recherche en tant que diététicienne avec master en Santé Publique et en effet, le nudging est une méthode à déployer plus vastement dans nos compagnes de promotion de la santé !