Contrairement à ce qui est admis au sein de la communauté scientifique, l’obésité ne serait en rien liée à un déséquilibre entre les apports énergétiques et les dépenses. Voilà qui mérite quelques explications!
On ne devient pas obèse par excès alimentaire et sédentarité, et on ne maigrit pas en mangeant moins et bougeant plus! C’est le point de vue à contre-courant défendu par le journaliste et écrivain Gary Taubes, auteur notamment du livre à succès «Good Calories, Bad Calories» et, dernièrement, de «Why we get fat»1. Invité récemment à un une table ronde dans le cadre d’un symposium consacré à l’obésité et à la réglementation en Europe2, le journaliste a expliqué son point de vue pour le moins provocateur. Il utilise habilement les ingrédients d’une formule éprouvée pour capter l’attention (on vous ment, les scientifiques font fausse route,…) pour démonter une autre formule: celle qui repose sur le premier principe de la thermodynamique et qui veut que l’énergie mise en réserve suppose que l’énergie ingérée soit supérieure à l’énergie dépensée. Pour lui, les graisses n’ont aucun rôle dans la prise de poids, et il estime que manger moins et bouger plus ne change en rien le décours de l’obésité!
Les glucides coupables
Mais alors, si ce n’est pas un déséquilibre de la balance énergétique, qu’est-ce qui explique la mise en réserve excessive sous forme de graisse? Pour Taubes, l’obésité est une maladie hormonale. Au même titre qu’un enfant ne grandit pas parce qu’il mange plus, on ne grossit pas en mangeant plus. La croissance est induite par des hormones spécifiques qui ont pour conséquence que l’on mange plus. Et selon Taubes, il en est de même pour l’obésité. C’est parce qu’on est obèse que l’on mange plus, et non l’inverse! Tout cela serait la faute aux glucides: les céréales et leur amidon, les sucres naturellement présents et ajoutés,… sont seuls coupables, en raison de leur effet sur l’insulinosécrétion. Bref, ce qui est préconisé, c’est la suppression de toutes les sources de glucides, qu’ils soient complexes (céréales, légumes secs,…) ou simples (fruits, jus, boissons sucrées, sucreries,…). En somme, un retour au régime «low-carb» rendu célèbre dans les années septante par un certain Atkins…
Nouvelle vague
On sait que l’insuline favorise le stockage des graisses, qu’une consommation excessive de glucides peut donc se transformer en gras, et qu’une alimentation équilibrée gagne à ne pas solliciter de manière excessive la sécrétion d’insuline. Mais de là à prétendre que les glucides sont seuls responsables de l’épidémie d’obésité… Un nouveau discours pour revenir à un vieux débat, qui oppose les adeptes des régimes pauvres en glucides à ceux pauvres en lipides. Pourtant, même si la richesse en protéines de l’alimentation semble être plutôt un élément favorable au contrôle du poids, les études publiées ces dernières années tendent à montrer que ce n’est pas tant la répartition entre les nutriments qui compte, que le fait d’arriver à suivre dans le temps une alimentation capable de maintenir le déficit énergétique. Rappelons aussi que pendant plusieurs millénaires, les glucides et l’activité physique ont occupé une place importante dans l’alimentation des peuples, et que la vague d’obésité dont il est question est bien jeune à cette échelle.
Références:
1. Taubes Gary, Good Calories, Bad Calories: Challenging the Conventional Wisdom on Diet, Weight Control, and Disease, Hardcover, 2007. Taubes Gary, Why we get fat and what to do about it, First Anchor Books, 2011.
2. Obesity and Food in Europe, the policy challenge, Bruxelles, 9-10 mai 2012.